“Le ‘statu quo’ allemand est en effet le ‘parachèvement ouvert de l’ancien régime’ (note: systématiquement en français dans le texte) et l”ancien régime’ est la ‘tare cachée de l’Etat moderne’. La lutte contre le présent politique allemand, c’est la lutte contre le passé des peuples modernes, et les réminiscences de ce passé ne cessent de les importuner. Il est instructif, pour les peuples modernes, de voir l”ancien régime’ qui a, chez eux, connu la tragédie, jouer la ‘comédie’, comme revenant allemand. L’ancien voir préexistant du monde, et la liberté une simple incidence personnelle, en un mot, tant qu’il croyait et devait croire lui-même à son droit. Tant que l”ancien régime’ luttait comme ordre réel du monde contre un autre monde naissant, il y avait de son côté une erreur historique, mais pas d’erreur personnelle. C’est pourquoi sa mort fut tragique. Le régime allemand actuel, au contraire, qui n’est qu’un anachronisme, une contradiction flagrante à des axiomes universellement reconnus, la nullité dévoilée au monde entier de l”ancien régime’, ne fait plus que s’imaginer qu’il croit à sa propre essence et demande au monde de pratiquer la même croyance. S’il croyait à sa propre ‘essence’, essaierait-il de la cacher sous l”apparence’ d’une essence étrangère et de trouver son salut dans l’hypocrisie et le sophisme? L”ancien régime’ moderne n’est plus que le comédien d’un ordre social dont les ‘héros réels’ sont morts. L’histoire ne fait rien à moitié et elle traverse beaucoup de phases quand elle veut conduire à sa dernière demeure une vieille forme sociale. La dernière phase d’une forme historique, c’est la ‘comédie’. Le dieux grecs, une première fois tragiquement blessés à mort dans le ‘Prométhée enchaîné’ d’Eschyle, eurent à subir une secondo mort, la mort comique, dans les ‘Dialogues’ de Lucien. Pourquoi cette marche de l’histoire? Pour que l’humanité se sépare ‘avec joie’ de son passé. Et cette ‘joyeuse’ destinée historique nous la revendiquons pour les puissance politiques de l’Allemagne” (pag 21-22) [Karl Marx, ‘Introduction de ‘Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel”] [(in) Karl Marx, ‘L’opium du peuple’, Paris, 2013]