“Au British Museum, Marx avait découvert les manuscrits réunis par un ecclésiastique érudit, le révérend William Coxe (1747 –1828, ndr), archidiacre du Wiltshire, spécialiste de Robert et Horatio Walpole, et grand connaisseur de l’histoire russe. Le fonds Coxe comprend plusieurs volumes cotés Add Mss 9078 à 9283; il faut y adjoindre quelques pièces imprimées sur la Baltique et la Suède, montrant clairement l’intérêts des Britanniques pour le partage maritime de la planète. Seul un travail de recherche approfondi permettrait d’établir précisément la qualité des retranscriptions opérées par Marx, mais celle-ci paraît indéniable. Il entreprit son travail de déchiffrage en 1856 au moment de la guerre de Crimée. Il s’agissait pour lui de démontrer que la collusion entre Londres et Saint-Pétersbourg remontait à Pierre le Grand. Marx pensait publier à l’origine ses découvertes chez Nikolaus Trübner, l’un des éditeurs allemands de Londres. Mais il s’en remit à contrecoeur à David Urquhart, prêt à accueillir tout ce qui était hostile aux Russes. L’ouvrage parut donc de juin 1856 à avril 1857 dans ‘The Sheffield Free Press’, un titre contrôlé par l’Ecossais, puis dans le ‘Free Press’, de Londres. Marx ne vint jamais à bout de son entreprise; la première édition sous forme de livre attendit 1899″ [Bernard Cottret, Karl Marx. Une vie entre romantisme et révolution, 2010]