“C’est dans le tome III du Capital que Marx en vient à l’étude non plus des migrations mais de l’émigration, entendue dans le sens actuel. Comme on le sait, la plus-value recueillie par les propriétaires des moyens de production résulte d’un prélèvement sur les travailleurs de la valeur produite (sinon d’où viendraient les bénéfices des actionnaires?). Cette « expropriation » est naturellement plus forte si les salaires sont le plus bas possible. Le prix de la force de travail (une marchandise comme les autres) est déterminé par ce qui est nécessaire à l’entretien des ouvriers et à leur reproduction. Mais, comme on l’a fait remarquer, ce minimum est variable et il aurait tendance à s’accroître par effet de rareté si n’existait «parmi les travailleurs une concurrence (4)», d’abord entre travailleurs et chômeurs (l’armée de réserve), puis entre travailleurs des pays développés et des pays sous-développés, voire entre les travailleurs embauchés eux-mêmes par suite de «leur migration incessante d’un secteur à l’autre de la production (5)», attirés qu’ils sont par l’espoir (l’illusion) de conditions meilleures. Cet espoir-illusion d’une amélioration individuelle contribue ainsi au maintien. du taux maximum d’exploitation du «travail vivan » en général par l’exercice de l’inter-concurrence des ouvriers” [Yvon Bourdet, Fonction économique et rôle politique des migrants d’après les théories marxistes, ‘Ethnologie française’, Puf, Paris, t. 7, n. 3 1977 (pag 239) [(4) «Le Capital», t. III, 3e section, in ‘Économie’, op. cit., t. II, p. 967 (Karl Marx, Oeuvres. Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, t. II, Économie); (5) Ibid.]