“L’opportuniste a si bien désappris à penser révolutionnairement et à réfléchir à la révolution, qu’il voit du «fédéralisme» chez Marx, ainsi confondu avec le fondateur de l’anarchisme, Proudhon. Et Kautsky, et Plékhanov, qui prétendent être des marxistes révolutionnaire, se taisent là-dessus. On découvre ici l’une des racines de cette extrême indigence de vues sur la différence entre le marxisme et l’anarchisme, qui caractérise les kautskistes aussi bien que les opportunistes et dont nous aurons encore à parler. Dans les considérations déjà citées de Marx sur l’expérience de la Commune, il n’y a pas trace de fédéralisme. Marx s’accorde avec Proudhon précisement sur un point que l’opportuniste Bernstein n’aperçoit pas. Marx est en désaccord avec Proudhon précisement là où Bernstein les voit s’accorder. Marx s’accorde avec Proudhon en ce sens que tous deux sont pour la «démolition» de la machine d’Etat actuelle. Cette similitude du marxisme avec l’anarchisme (avec Proudhon comme avec Bakounine), ni les opportunistes, ni les kautskistes ne veulent l’apercevoir car, sur ce point, ils se sont éloignés du marxisme. Marx est en désaccord et avec Proudhon et avec Bakounine précisément à propos du fédéralisme (sans parler de la dictature du prolétariat). Les principes du fédéralisme découlent des conceptions petites-bourgeoises de l’anarchisme. Marx est centraliste. Et, dans les passages cités de lui, il n’existe pas la moindre dérogation au centralisme. Seuls des gens imbus d’une «foi superstitieuse» petite-bourgeoise en l’Etat peuvent prendre la destruction de la machine bourgeoise pour la destruction du centralisme! Mais si le prolétariat et la paysannerie pauvre prennent en main le pouvoir d’Etat, s’organisent en toute liberté au sein des communes et ‘unissent’ l’action de toutes les communes pour frapper le Capital, écraser la résistance des capitalistes, remettre à ‘toute’ la nation, à toute la societé, la propriété privée des chemins de fer, des fabriques, de la terre, etc., ne sera-ce pas là du centralisme? Ne sera-ce pas là le centralisme démocratique les plus conséquent et, qui plus est, un centralisme prolétarien?” (pag 52-53) [V.I. Lénine, La Commune de Paris, Editions en langues etrangères, Moscou, 1961] [brano tratto da: Lenin, ‘L’etat et la revolution’]