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“[Rosa Luxemburg:] «… la démocratie est indispensable, non pas parce qu’elle rend ‘superflue’ la conquête du pouvoir politique par le prolétariat, mais, au contraire, parse qu’elle rend cette prise du pouvoir aussi ‘nécessaire’ que seule ‘possible’. Quand Engels, dans sa préface à la ‘Lutte des classes en France’, révisait la tactique du mouvement ouvrier moderne et opposait aux barricades la lutte légale, il ne traitait pas – ce ‘qui ressort clairement de chaque ligne de cette préface’ – la question de la conquête définitive du pouvoir politique, mais celle de la lutte quotidienne actuelle; ni l’attitude du prolétariat vis-à-vis de l’Etat capitaliste au moment de la prise du pouvoir, m ais son attitude ‘dans le cadre’ de l’Etat capitaliste. En un mot, Engels donnait les directives au prolétariat ‘opprimé’ et non au prolétariat ‘victorieux’… «La nécessité même de la conquête du pouvoir politique par le prolétariat fut, de tout temps, mise hors de doute, tant par Marx que par Engels. Et il était réservé à Bernstein de considérer la basse-cour du parlementarisme bourgeois comme l’organe appelé à réaliser la transformation sociale la plus formidable de l’histoire: à savoir le passage de la societé ‘capitaliste’ à la societé ‘socialiste’» (1). Rosa Luxemburg n’est donc absolument pas l’adversaire des réformes. Elle voit dans la lutte pour des réformes, pour l’amélioration du niveau de vie et des conditions de travail, pour l’élargissement des droits démocratiques à l’intérieur de l’Etat bourgeois le moyen de préparer la classe ouvrière à la révolution, d’éduquer et d’organiser la classe ouvrière et de lui apprendre par l’expérience que l’Etat capitaliste doit être renversé pour que le prolétariat se libère de l’esclavage du salariat. «Ce n’est que dans la haute mer de la vie politique, dans la vaste lutte contre l’Etat actuel, dans l’adaptation à toute la diversité de la réalité vivante que le prolétariat peut s’éduquer dans un sens social-démocrate. Et c’est dans ce sens que la vie l’oriente avec une force contraignante». Mais le socialisme ne résulte pas de lui-même et en toutes circonstances de la lutte quotidienne pour des réformes. L’appréciation que Rosa Luxemburg portait sur le combat immédiat et indépendant de toute théorie socialiste, mené par les ouvriers contre les effets du capitalisme, coïncidait avec celle que Lénine défendait à la même époque contre l’économisme russe. Elle ne reprochait pas seulement à la politique des Trade Unions anglais de ne pas se fixer le socialisme comme but conscient, mais encore de suivre une voie qui éloignait de ce but. Et elle portrait le même jugement sur le réformisme en général, qui prétend remplacer la révolution par une succession indéfinie de réformes. Seul le but final socialiste donne à la lutte des syndicats pour l’amélioration de la situation ouvrière et pour les réformes sociales, à la lutte parlementaire pour des réformes démocratiques, un caractère fondamentalement socialiste. Dans son rapport au congrès international de Zurich, en 1893, elle avait donné un fondement théorique aux rapports entre la lutte quotidienne et le but socialiste et elle avait, contre les tendances blanquistes au sein du mouvement polonais, démontré la nécessité d’une action quotidienne pour les buts les plus modestes. Développant et accentuant ses idées antérieures, elle posait en principe stratégique que la lutte prolétarienne quotidienne doit être liée organiquement au but final. Toute tâche quotidienne doit trouver une solution telle qu’elle n’éloigne pas, mais rapproche du but final. «Et par but final, nous ne devons pas entendre telle ou telle représentation de l’Etat futur, mais ce qui doit précéder la société future, à savoir la conquête du pouvoir politique». C’est sur cette idée directrice que Rosa Luxemburg fondait toute la politique du prolétariat et ses propres décisions tactiques” [Paul Frölich, ‘Rosa Luxemburg. Sa vie et son oeuvre’, Paris, 1965] [(1) ‘Réforme ou Révolution?, Ed. Spartacus, pp. 70-71]