“Aucune décision concernant des investissements, par exemple, ne peut jamais être prise sans que soient adoptées ‘ipso facto’ des vues extrêmement fermes sur un avenir couvrant de nombreuses années. Une fois qu’une telle décision est prise, ces vues se trouvent incorporées dans des changements durables du «monde réel». L’économie politique classique (et celle de Marx) était basée sur le vieux postulat métaphysique selon lequel le présent n’est rien d’autre qu’une sédimentation du passé; par suite, ou bien elle écartait l’influence de ce facteur sur le processus économique, ou bien le traitait-elle implicitement comme une sorte d’écume entourant les «forces rèelles», ou comme si les diffèrentes dècisions et vues portant sur l’avenir , et les actions auxquelles celles-ci aboutissaient, pouvaient tout au plus prèsenter des ècarts alèatoies autour d’une certaine vue et ligne de conduite «normale» (et donc se compensaient en moyenne entre elles). Cette vue «normale» était la vue «rationnelle» poiur les èconomistes classiques et néo-classiques. Pour Marx, elle ètait en partie «rationelle», en partie «irrationelle» (cette «irrationalité» ètant pour lui l’expression d’une «rationalitè» cachèe et contradictoire à un niveau plus profond et non conscient). Maintentant, ce facteur – que l’on appelle «anticipations» dans la littérature économique contemporaine, mais qu’ils vaudrait mieux appeler «projections» – joue un rôle décisif dans une économie comme celle du capitalisme contemporain” [C. Castoriadis, ‘Introduction à l’édition anglaise de 1974 (nota del 1979: scritta in inglese per la riedizione del 1974 di “Mouvement révolutionnaire sous le capitalisme moderne” par ‘Solidarity’)] [(in) Ibid., La question du mouvement ouvrier. Tome 2., Paris, 2012]
- Categoria dell'articolo:Nuove Accessioni
- Articolo pubblicato:31 Agosto 2016