‘En politique, la philosophie n’a rien fait que n’aient accompli dans leur sphère la physique, la mathématique, la médecine et n’importe quelle science. Bacon déclarait que la physique théologique était une vierge consacrée à Dieu – et par suite stérile; il émancipa la physique de la théologie et elle devint féconde. Pas plus que vous ne demandez au médecin s’il est croyant, vous ne l’avez à demander à l’homme politique. Copernic venait à peine de faire sa grande découverte du véritable système solaire que l’on découvrit en même temps la loi de la gravitation de l’Etat. On trouva que le point de gravité de l’Etat résidait en lui-même. Et de même que les différents gouvernements européens essayèrent d’appliquer ce résultat, avec le caractère superficiel de la première application pratique, dans le système de l’équilibre politique, des hommes tels que d’abord Machiavel, Campanella, et plus tard Spinoza, Hugo Grotius, jusqu’à Rousseau, Fichte, Hégel, se mirent à envisager l’Etat avec des yeux humains et à en développer les lois naturelles en partant de la raison et de l’expérience et non pas en partant de la théologie, tout comme Copernic ne s’occupa pas de ce que Josué avait arrêté le soleil à Gédéon et la lune dans la vallée d’Ajalon. La philosophie moderne n’a fait que poursuivre une tâche commencée déjà par Héraclite et Aristote. Vous ne polémiquez donc pas contre la philosophie moderne, vous polémiquez contre la philosophie toujours nouvelle de la raison’ [Karl Marx, Oeuvres philosophiques. Traduit par J. Molitor. Tome V. La liberté de la presse. A propos de communisme. La loi sur le vols de bois. Correspondance Marx-Ruge. Le roi de Prusse et la réforme sociale. Alfred Costes editeur, Paris, 1937] [Tiré de l’article de fond du N° 179 de la « Kolnische Zeitung »] [Rheinische Zeitung, 14 juillet 1842, N° 195, Supplément]
- Categoria dell'articolo:Nuove Accessioni
- Articolo pubblicato:21 Giugno 2016