“Les théoriciens anarchistes qui, après le grand examen des années 1931 à 1937, répètent les vieilles sornettes réactionnaires sur Kronstadt et affirment: le stalinisme est le produit inévitable du marxisme et du bolchevisme, ne font que démontrer par là qu’ils sont à jamais morts pour la révolution. Vous dites que le marxisme est violé en soi et que le stalinisme est son descendant légitime. Mais pourquoi donc nous, marxistes revolutionnaires, nous trouvons-nous en lutte mortelle contre le stalinisme dans le monde entier? Pourquoi donc la clique staliniste voit-elle dans le trotskysme son ennemi principal? Pourquoi tous les rapprochements vers nos conceptions ou notre système d’action (Durruti, André Nin, Landau et autres) forcent-ils les gangsters du stalinisme à recourir à une répression sanglante? Pourquoi, d’autre part, les chefs de l’anarchisme espagnol, au moment des crimes de la Guépéou à Moscou et à Madrid, étaient-ils des ministres de Caballero-Négrin, c’est-à dire les serviteurs de la bourgeoisie et de Staline? Pourquoi, même maintenant, sous le prétexte de lutter contre le fascisme, les anarchistes restent-ils prisonniers volontaires de Staline-Négrin, c’est-à-dire des bourreaux de la révolution, leur incapacité de lutter contre le fascisme? Les avocats de l’anarchisme qui prèchent pour Kronstadt et pour Makno ne trompent personne. Dans l’épisode de Kronstadt et dans la lutte contre Makno, nous avions défendu la révolution prolétarienne contre la contre-révolution paysanne. Les anarchistes espagnols ont défendu et défendent encore la contre-révolution bourgeoise contre la révolution proletarienne. Aucun sophisme ne fera disparaître de l’histoire le fait que l’anarchisme et le stalinisme se soient trouvés du même côté de la barricade, les masses révolutionnaires et les marxistes de l’autre. Telle est la vérité qui entrera pour toujours dans la conscience du prolétariat” [L. Trotsky, ‘Leçon d’Espagne. Dernier Avertissement’, Décembre 1937] [(in) L. Trotsky, ‘La société espagnole – Leçon d’Espagne. Dernier Avertissement’, Paris, 1946]