“C’est sans doute sous l’influence des écrits de Tchernychevski qu’Elisabeth s’intéressa surtout aux problèmes économiques et sociaux. L’amitié de Karl Marx. A Genève elle fit la connaissance d’émigrés révolutionnaires et fut introduite à la section russe de la Première Internationale où elle adhéra à la tendance marxiste qui combattait contre les bakounistes. En 1870, elle se rendit à Londres où elle fut très cordialement reçue par Marx. Elle se lia d’amitié avec ses filles. Une lettre d’Elisabeth à Marx, datée du 7 janvier 1871, donne une idée des relations qui s’étaient établies entre elle et la famille du leader de l’Internationale: “Je vous remercie pour votre bonté et l’intérêt que vous portez à ma santé. Je ne veux pas naturellement vous prendre votre temps, mais si vous aviez quelques heures libres dimanche soir, je suis persuadées que vos filles seraient aussi heureuses que moi-même de vous voir chez nous”. Dans la même lettre Elisabeth parle d’une question qui intéressait beaucoup Marx: “En ce qui concerne l’alternative que vous prévoyez dans le problème du sort de la proprieté communale en Russie, malheuresement sa transformation en petite propriété individuelle est très probable. Je me permets de vous envoyer un numéro du ‘Narodnoie Dielo’ (La Cause du Peuple) où cette question est examinée. Vous connaissez certainement l’ouvrage de Haksthausen, paru en 1847, qui décrit le système communal en Russie. Si par hasard vous ne l’avez pas, faites le moi savoir. J’en possède un exemplaire et pourrais vous l’envoyer tout de suite. Dans les articles sur la propriété terrienne collective que vous lisez actuellement, vous verrez que Tchernychevski le mentionne souvent et en cite des passages”. En février 1871, Elisabeth Dimitriev rentra à Genève, d’où elle partit au début de mars pour Paris, chargée d’une mission d’information par Marx. Les historiens russes ne se borna pas à ce rôle d’informatrice. Benoit Malon raconte que dès  les premiers jours de la Commune Elisabeth Dimitriev se mit au travail et entreprit notamment l’organisation d’une Ligue des ouvrières parisiennes. Son initiative fut chaleureusement accueillie et bientôt des comités féminins furent créés dans tous les vingt arrondissements de Paris. A la tête de cette organisation se trouvait un Comité Central dont faisait partie Elisabeth Dimitriev, qui n’avait que vingt ans à l’époque. Elisabeth rédigeait des manifestes, appelait les femmes à prendre les armes pour la défense de la Commune. Avec Louise Michel elle organisa le bataillon féminin qui combattit héroïquement sur les barricades jusqu’au dernier jour. Après la chute de la Commune, Elisabeth Dimitriev disparut” [Vassili Soukhomline, Deux femmes russes combattantes de la Commune, (in) Cahiers Internationaux, Revue internationale du monde du travail, N° 16, Mai 1950, pag 53-62]