“Dans son introduction aux ‘Luttes de classes en France’ de Marx, Engels écrit: “Dans l’appréciation d’événements et de suite d’événements empruntés à l’histoire quotidienne, on ne sera jamais en mesure de remonter jusqu’aux dernières causes économiques. Même aujourd’hui où la presse technique compétente fournit des matériaux si abondants, il sera encore impossible même en Angleterre, de suivre jour par jour la marche de l’industrie et du commerce sur le marché mondial et les modifications survenues dans les méthodes de production de façon à pouvoir, à n’importe quel moment faire le bilan d’ensemble de ces facteurs infiniment complexes et toujours changeants, facteurs dont, la plupart du temps, les plus important agissent, en outre, longtemps dans l’ombre avant de se manifester violemment au grand jour. Une claire vision d’ensemble de l’histoire économique d’une période donnée n’est jamais possible sur le moment même: on ne peut l’acquerir qu’après coup, après avoir rassemblé et sélectionné les matériaux. La statistique est ici une ressource nécessaire et elle suit toujours en boitant. Pour l’histoire contemporaine en cours on ne sera donc que trop souvent contraint de considérer ce facteur; le plus décisif, comme constant; de traiter la situation économique que l’on trouve au début de la période étudiée comme donnée et invariable pour toute celle-ci ou de ne tenir compte que des modifications à cette situation qui résultent des événements, eux-mêmes évidents, et apparaissent donc clairement elles aussi. En conséquence la méthode matérialiste ne devra ici que trop souvent se borner à ramener les conflits politiques à des luttes d’intérêts entre les classes sociales et les fractions de classes existantes, impliquées par le développement économique, et à montrer que les divers partis politiques sont l’expression politique plus ou moins adéquate de ces mêmes classes et fractions de classes. Il est bien évident que cette négligence inévitable des modifications simultanées de la situation économique, d’est-à-dire de la base même de tous les événements à examiner, ne peut être qu’une source d’erreurs” (2). Ces idées qu’Engels formula peu de temps avant sa mort ne furent développées plus avant par personne après lui” [Léon Trotsky, ‘La courbe du développement capitaliste’, in ‘Critiques de l’economie politique’, Paris, 1975] [(2) ‘Les luttes de classes en France’, Editions sociales, (Classiques du marxisme), p. 11-12 (Souligné par L.T.)]