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“Le régime capitaliste, dit un socialiste de l’école marxiste, engendre lui-même sa propre négation avec la fatalité qui préside aux métamorphoses de la nature” (1). Et voici quelques-uns des faits qui nous révèlent que cette auto-destruction est en voie de s’accomplir: a) ‘Les crises’ de surproduction (ou plutôt des sous-consommation) qui deviennent chroniques. Elles ruinent le régime capitaliste et pourtant elles lui sont indissolublement liées. En effet, par l’accroissement continu du capital constant relativement au capital variable (autrement dit par l’emploi des machines entraînant une réduction de la main-d’oeuvre), le taux de la plus-value doit tendre sans cesse à diminuer. Pour lutter contre cette baisse, les capitalistes sont contraints de développer sans cesse la production et, comme on dit, de se rattraper sur la quantité. D’autre part, les ouvriers se trouvent dans l’impossibilité croissante de racheter avec leur salaire les produits de leur travail, parce qu’ils ne touchent jamais comme salaire une valeur égale au produit de leur travail et parce que d’ailleurs périodiquement ils se trouvent sans travail et réduits à chômer. Ceci était, comme nous l’avons vu déjà, une idée chère à Proudhon et c’est un des cas où l’influence de Proudhon sur Marx paraît difficile à nier. L’idée caractéristique de la théorie marxiste c’est donc que toute crise tient à une rupture d’équilibre entre le capital variable et le capital constant, parce que celui-ci grandissant sans cesse finit à un moment donné par manquer de base – mais que la crise elle-même, en entraînant l’écroulement d’une partie du capitalisation qui entraînera une nouvelle crise et ainsi de suite (2). b) Le développement du ‘paupérisme’, résultant lui-même de ces crise et du chômage. La classe capitaliste “est devenue incapable de régner, car elle ne peut plus assurer à ses esclaves la subsistance qui leur permette de supporter l’esclavage. Elle en est réduite à les laisser tomber à une condition où ‘il lui faut les nourrir au lieu d’être nourrie par eux” (3). c) La multiplication des ‘sociétés par actions. Par là la propriété individuelle se volatilise en chiffons de papier; elle se réduit à un ‘titre’, elle devient vraiment, comme le dit la loi, ‘anonyme’. Le profit apparait dans toute sa nudité, comme dividende indépendant de tout travail personnel et prélevé sur le travail des ouvriers. La fonction patronale se dépouille des caractères de direction, d’initiative, de travail personnel, qui servaient à la déguiser et à la justifier dans l’entreprise individuelle: elle se décompose en deux fonctions – d’une part celle de gros actionnaire parasitaire – d’autre part celle de gérant salarié. Du jour où toutes les entreprises d’un pays seront sous forme de sociétés anonymes et, mieux encore, de trusts qui sont comme la plus haute expression de la société anonyme, elles seront mûres pour l’expropriation socialiste, puisqu’il suffira, par une simple écriture, de faire passer au nom de la Nation tous les titres qui étaient inscrits au nom des actionnaires. On ne s’apercevra même pas que rien ait été changé dans le mécanisme économique. Ainsi l’expropriation de la classe bourgeoise sera bien plus aisée que ne l’a été, il y a quelques siècles, l’expropriation des artisans par les capitalistes. Car pour effectuer celle du passé il a fallu “l’expropriation de la masse par quelques usurpateurs”, tandis que pour celle de demain, il suffira, grâce à la loi de concentration, “de l’expropriation de quelques usurpateurs par la masse”. En somme, quel est – nous ne disons pas le but où l’idéal puisqu’elle se refuse à en assigner un – mais du moins l’aboutissement du programme marxiste? On dit généralement: l’abolition de la propriété privée, et on est d’autant plus fondé à le dire que le ‘Manifeste Communiste’ le déclare en propres termes: “En ce sens les communistes ont le droit, en effet, de résumer leurs théories dans cette formule: abolition de la propriété privée” (4)” [Charles Gide Charles Rist, ‘Histoire des doctrines économiques depuis les physiocrates jusqu’a nos jours’, Paris, 1913] [(1) Labriola; (2) “La conversion toujours renouvelée d’une partie de la classe ouvrière eu autant de bras à demi occupés ou tout à fait desouvrés, imprime au mouvement de l’industrie moderne sa forme typique. Comme le corps célestes, une fois lancés dans leurs orbes, les décrivent pour un temps indéfini, de même la production sociale, une fois jetée dans le mouvement alternatif d’expansion et de contraction, le répète par une nécessité mécanique” (Capital, p. 280); (3) Manifeste Communiste, § 31; (4) Engels dit aussi: “la tâche du Manifeste Communiste était d’annoncer la déchéance inévitable et imminente de la propriété bourgeoise” (préface au Manifeste Communiste, traduction Andler, p. 11). Cependant on préfère aujourd’hui donner pour but au socialisme collectiviste l’abolition du salariat – l’abolition de la propriété n’étant que le moyen indispensable pour atteindre ce but ultime. Ainsi Labriola dit (‘Essai sur la Conception Matérialiste’, 2° édit., p. 62): “Ils (les prolétaires) arrivent à comprendre qu’ils ne doivent viser qu’à une chose: l’abolition du salariat” (…)]