“Marx reçut la tâche d’écrire la profession de foi de la Ligue [des communistes], le ‘Manifeste du Parti communiste’. Mais la position internationale de Marx et d’Engels et leurs partisans s’exprima aussi dans la politique pratique. Il n’y eut  pas de mouvement historique de cette époque qui ne fut analysé par eux, au sujet duquel ils ne prirent position et dont ils ne soutinrent théoriquement et pratiquement le forces qui étaient progressives. A partir de ces prises de position, Marx développera la stratégie et la  tactique du mouvement socialiste révolutionnaire et de la révolution internationale. Un document classique de la stratégie marxiste est sans aucun doute l”Adresse du Comité central à la Ligue’. L’importance particulière de ce document réside en ceci que Marx, pour la première fois, y propagea l’idée de l’indépendance du mouvement des travailleurs vis-à-vis du mouvement démocrate-bourgeois, tandis que dans le ‘Manifeste communiste’, il part encore du rôle indépendant du mouvement des travailleurs dans le cadre du mouvement révolutionnaire démocratique. Elaborant les expériences de la revolution allemande du 1848, il développa pour la première fois concrètement la théorie et la pratique de la révolution permanente: “Tandis que les démocrates petits bourgeois veulent terminer la Révolution au plus vite et après avoir tout au plus réalisé les revendications ci-dessus, il est de notre intêret et de notre devoir de rendre la révolution permanente, jusqu’à ce que toutes les classes plus ou moins possédantes alent été écartées du pouvoir, que le prolétariat ait conquis le pouvoir et que non seulement dans un pays, mais dans tous le pays régnants du monde l’association des prolétaires ait fait assez de progrès pour faire cesser dans ces pays la concurrence des prolétaires et concentrer dans leurs mains au moins les forces productives décisives”. Dans les phrases finales de cet écrit, Marx montre très clairement comment il a bien saisi la révolution dans son entrelacement international: “Si les ouvriers allemands ne peuvent s’emparer du pouvoir et faire triompher leurs intérêts de classe sans accomplir en entier une évolution révolutionnaire assez longue, ils ont cette fois du moins la certitude que le premier acte de ce drame révolutionnaire imminent coïncide avec la victoire directe de leur propre classe en France et s’en trouve accéléré. Mais ils contribueront eux-mêmes à leurs victoire définitive bien plus par le fait qu’ils prendront conscience de leurs intérêts de classe, se poseront dès que possible en parti indépendant et ne se laisseront pas un instant détourner par le phrases hypocrites des démocrates petits bourgeois; de l’organisation autonome du parti du prolétariat. Leur cri de guerre doit être: ‘La révolution en permanence!” [George Jungclas, Le problème de l’Internationale dans les premières ouvres de Marx et Engels’, Paris, 1964]