“Le classiques du marxisme regorgent de textes annonçant l’avènement de l’action consciente des hommes comme l’ouverture d’une ère nouvelle. Dans l”Idéologie allemande’, déjà Marx souligne que “le communisme se distingue de tous les mouvements qui l’ont précedé jusqu’ici en ce qu’il bouleverse la base de tous les rapports de production et d’échange antérieurs et que, pour la première fois, il traite consciemment toutes les conditions naturelles préalable comme des créations des hommes qui nous ont précédés, qu’il dépouille celle-ci de leur caractère naturel et les soumet à la puissance des individus associés” (2). Il reviendra sur la même idée plus tard dans ‘Herr Vogt’ en affirmant que le mouvement ouvrier représente “la participation consciente au processus historique qui bouleverse la societé”. Enfin Rosa Luxemburg, en lutte contre la débâcle chauvine de la socialdémocratie, reprendra la même idée dans la brochure signée ‘Junius’: “Dans l’histoire, le socialisme est le premier mouvement populaire qui se fixe comme but, et qui soit chargé par l’histoire, de donner à l’action sociale des hommes un ‘sens conscient’, d’introduire dans l’histoire une pensée méthodique et, par là, une volonté libre. Voilà pourquoi F. Engels dit que la victoire définitive du prolétariat socialiste constitue un ‘bond’ qui fait passer l’humanité du règne animal au règne de la liberté” (3). (…) On sait la place qu’occupaient récemment la redécouverte et la vogue des textes de jeunesse de Marx. Cette interprétation humaniste pour qui “le point de départ de Marx c’est l’homme” (4), s’efforce de racheter, par le culte d’une hypothétique essence humaine, les gigantesques péchés staliniens. Cette attitude, au lieu d’affronter la dégènérescence du mouvement ouvrier, regarde vers le passé, vers l’homme individuel de la vieille philosophie. A l’opposé de cette régression, Lénine donne à la découverte politique de Marx un contenu pratique. L’action consciente du prolétariat est une action de classe. Elle suppose une ‘position du parti’. “L’organisation des prolétaires en une classe, et par suite, en un parti politique” écrit Marx. A quoi fait écho la position de Lénine selon laquelle “l’expression la plus complète de la lutte des classes, c’est la lutte des partis” (5). En s’organisant en parti, en affirmant par là ses intérêts de classe autonome, en élaborant la stratégie qui les fasse triompher, la classe ouvrière dresse face à l’Etat bourgeois sa propre candidature au pouvoir” [Daniel Bensaid, ‘Lénine, au delà des larmes’, Paris, 1970] [(2) ‘Ideologie allemande, éditions sociales, p. 97; (3) ‘La crise de la social-démocratie’, Editions La Taupe, p: 67; (4) Adam Schaff dans ‘L’Homme et la Société’ (n. 7); (5) Lénine, ‘Le Parti socialiste et le révolutionnarisme sans parti’ (tome 10, p. 75)] [Lenin-Bibliographical-Materials] [LBM*]
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- Articolo pubblicato:19 Maggio 2015