“Lorsqu’Engels mourut, il fit don de tous les papiers de Marx et de ses propres manuscrits aux archives du Parti Social-Démocrate d’Allemagne. Ces documents sont actuellement la proprieté de l’Institut International d’Histoire Sociale à Amsterdam. Mais à part sa propre correspondance avec Marx ou celle de Marx avec Lassalle dont il voulait qu’elles fussent publiées, tous les papiers personnels d’Engels furent légués aux filles de Marx. C’est ainsi que la plus grande partie des lettres que lui avaient adressés Paul et Laura Lafargue et qu’il avait soigneusement classées et conservées revinrent en leur possession. Ils avaient eux-mêmes mis de côté un grand nombre de lettres d’Engels, ce qui fait que l’essentiel de leur correspondance était restitué. Lorsque les Lafargue disparurent, en 1911, sans laisser d’enfants, leurs biens revirent aux seul descendants de Marx qui vivaient encore, les enfants Longuet. Charles Longuet avait eu, de son mariage avec Jenny Marx, trois fils, Jean, Edgar et Marcel, et une fille, Jenny. Ils étaient au même titre que Laura et Eleanor les héritiers de leur grand-père et ils recueillirent pieusement l’héritage familial. Nous ne savons pas, à vrai dire, très exactement, comment les papiers de famille se distribuèrent entre eux. Une partie de la correspondance d’Engels avec les Lafargue se trouvait entre les mains du Dr. Edgar Longuet, dont la femme les remit à sa mort au Parti Communiste Français. Mais il semble que ce soit Jenny Longuet, qui avait été en grande partie élevée par Laura Lafargue, qui se soit particulièrement appliquée à rassembler ces souvenirs. Restée célibataire, elle vécut jusqu’à sa mort au foyer de son frère, Marcel, et c’est sans doute pour cette raison que nous avons retrouvé l’essentiel de ces lettres chez les fils de celui-ci. En nous permettant d’inventorier ces documents et en les mettant à notre disposition, il a rendu un service inestimable au mouvement ouvrier. Il serait vain d’entreprendre de donner en quelques lignes une idée de la richesse de cette correspondance. Que l’in songe qu’elle s’étend sur 27 années, que les principaux événements de l’histoire de la IIIe République s’y reflètent, depuis la fondation du Parti ouvrier jusqu’à l’affaire Dreyfus, qu’elle done des témoignages sur le développement du mouvement ouvrier dans trois pays d’Europe. Mais son intérêt n’est pas uniquement politique. Trois caractères différents s’y expriment avec cette franchise et cette spontanéité que permet seule l’expression directe d’une lettre et le côté humain n’y est sans doute pas le moins attachant” [E. Bottigelli, ‘Engels et Lafargue (Léttres inédites). Textes présentés par E. Bottigelli’), Cahiers Internationaux, Paris, Numéro 78, Juillet 1956]