“Entre août 1861 et juin 1863, Marx rédige un manuscrit de 1472 pages qui forme la suite de la ‘Contribution’ (‘Contribution à la critique de l’économie politique’, 1859, ndr), 753 pages, soit plus de la moitié, contiennent une histoire des ‘Théories de la plus-value’, que Kautsky a publiée (assez mal) de 1904 à 1910) et qui fut ensuite traduite en français sous le titre d”Histoire des doctrines économiques’ (Traduit par J. Molitor, Costes, 1924-1925, 8 volumes). En fait, nous avons ici la première rédaction de ce qui sera plus tard le ‘Capital’ (…). Marx, pour la distinction entre “ouvriers productifs” et “ouvriers improductifs”, part d’Adam Smith, mais critique et précise ses définitions. “Ce n’est pas forcément le caractère spécial du travail ni la forme de son produit qui le classe productif ou improductif. Le même travail peut être productif quand je l’achète comme capitaliste, comme producteur, pour en tirer profit, et improductif quand je l’achète comme capitaliste, come producteur, pour en tirer profit, et improductif quand je l’achète comme consommateur, comme individu dépensant du revenu, pour en consommer la valeur d’usage, que celle-ci disparaisse avec l’activité de la force de travail ou qu’elle se fixe, se réalise dans un objet” (p. 24-5). “Nous pouvons donc appeler productif le travail qui s’échange directement contre de l’argent pris comme capital, c’est-à-dire contre du capital, contre de l’argent qui, étant en soi du capital, est destiné à fonctionner comme capital en face de la force de travail… Le travail productif est donc celui qui ne reproduit pour l’ouvrier que la valeur, déterminée au préalable, de sa force de travail, mais fait fructifier le capital en créant de la valeur et en posant les valeurs qu’il a créées comme capital en face de l’ouvrier.” (p. 195). Ce n’est pas le caractère utile, concrètement déterminé du travail, “ni les propriétés utiles particulières du produit où il se réalise”, qui en constituent “sa valeur d’usage spécifique pour le capital… c’est qu’il est l’élément créateur de plusvalue” (p. 200). A cet égard, sont “productifs”, non seulement l’ouvrier proprement dit, mais “tous ceux qui collaborent d’une façon quelconque à la production de la marchandise, depuis le dernier manoeuvre jusqu’à l’ingénieur, jusqu’au directeur (distinct du capitaliste) (1)” [Eric De Grolier, ‘Classes et rapports de classes dans la théorie marxiste (De 1859 à 1865), Cahiers Internationaux, Paris, Numéro 60, Novembre 1954] [note: (1) ‘p. 12. Il est à remarquer que le capitaliste qui participe à la production, par un travail d’inspection et de direction, est “à cet égard…son propre salarié” (même ouvrage, t. I, p. 226); une partie du temps de ces capitalistes appartient à la production, mais “plus leur occupation comme directeurs de la production leur laisse de temps libre, et plus leur profit est indépendent de leur salaire”. (Cf. aussi le chapitre sur “le salaire de surveillance”, tome VIII, p. 172-181. Quant aux capitalistes qui ne vivent que de leurs intérêts, comme les propriétaires fonciers qui vivent de leurs rentes, ils “sont absolument disponibles” (t. II, p. 101). On remarquera que Marx reprend ici la terminologie de Turgot’]