“Selon Marx, la contradiction fondamentale du capitalisme, celle dont découlent toutes les autres difficultés, réside dans les relations de valeur et de plus-value de la production de capital. C’est la production de valeur d’échange sous sa forme monétaire, issue de la valeur d’usage de la force de travail, qui produit, outre son propre équivalent en valeur d’échange, une plus-value pour les capitalistes. La recherche de valeur d’échange se transforme en accumulation de capital, ce qui se traduit en une augmentation du capital investi en moyens de production relativement plus rapide que l’augmentation du capital investi en force de travail. Si cela conduit à une expansion du système capitaliste du fait de la productivité de plus en plus poussée du travail, cela entraîne aussi une tendance à la baisse du taux de profit car la partie du capital investi en force de travail – et qui est l’unique source de plus-value – diminue par rapport au capital social total. Ce processus long et compliqué ne peut être étudié de façon satisfaisante dans le cadre d’un article aussi court, mais il est nécessaire d’en faire mention pour bien distinguer la théorie de l’accumulation selon Marx de celle de Rose Luxemburg. (…) Ainsi donc, pour Marx, les limites objectives du capitalisme sont dictées par les relations de production sociale en tant que rapports de valeur, alors que pour Rosa Luxemburg, le capitalisme ne peut exister que si d’autres économies pré-capitalistes absorbent sa plus-value.” [Paul Mattick, Le marxisme hier, aujourd’hui et demain, 1983]