“Selon Marx, les crises économiques et financières ne détruisent pas le système capitaliste, même quand elles sont très graves. On le constatera bien après le décès de Marx, lors de l’hyper-inflation allemande après 1918, ou du crash de Wall Street aux Etats-Unis en 1929. Ces crise modifient les interventions économiques et politiques des Etats, au plan intérieur et international, mais elles ne sont pas l’occasion de révolutions sociales destructrices du capitalisme. Dans une de ses notes du Livre III du ‘Capital’, l’éditeur, Engels, indique que Marx n’a pu connaître les changements du système de la fin des années 1880-1890: concentration des entreprises en cartels et trusts, concurrence féroce entre les pays capitalistes pour les débouches commerciaux, contestation sur le partage de l’Afrique en colonies, fin de la suprématie industrielle de l’Angleterre, en relation avec des changements technologiques considérables: “L’expansion colossale du transport et de la communication – lignes maritimes, chemins de fer, télégraphe électrique, canal de Suez – a fait d’un marché mondial effectif une réalité. Le monopole industriel initial de l’Angleterre a été mis en cause par la concurrence de plusieurs nouvelles nations industrielles”. Ce nouveau mode de développement du capitalisme a été analysé par Rudolf Hilferding, qui dans ‘Le capital financier’ (1910), en a analysé certains caractères importants, à partir de l’essor industriel et financier de l’Allemagne. Son livre a été tardivement traduit en France (1970), et peu étudié et discuté. De façon générale, l’apport de Marx sur la finance capitaliste a été peu utilisé par le divers courants marxistes du XXe siècle.” [Suzanne de Brunhoff, ‘Finance, Capital, Etats’] [in ‘La finance capitaliste’, scritti di S. De Brunhoff, F. Chesnais, G. Duménil, D. Lévy, M. Husson, 2006]