“A la différence de Staline, Lénine souligne le caractère objectif de la dialectique: «Au sens propre, la dialectique c’est l’étude des contradictions dans la substance même des objects» (1). (…) Les phénomènes de la nature se produisant dans des conditions identiques (ou leur changement pouvant être établi), les lois sont elles aussi tout à fait de même ordre (2). Les lois économiques fonctionnent différemment. Elles opèrent dans des conditions qui changent constamment. Aussi l’économie politique est-elle une science historique, car «elle traite une matière historique, c’est-à-dire constamment changeante» (3). Cela concerne toutes les science sociales. ‘Les lois de la société sont pour cette raison des tendances’, dont l’action est constamment troublée, modifiée, attenueé sous l’effet de tendances contraires. Il n’y a pas de distinction entre la loi et la tendance: la plus puissante tendance dominante est la loi. Dans la préface au premier tome du ‘Capital’, Marx écrit: il s’agit «’de ces lois elles-mêmes’, des ‘tendances’ qui se manifestent et se réalisent avec une necessité de fer» (4). Marx répète continuellement cette affirmation lorsqu’il analyse les lois du capitalisme. Il écrit notamment: «La hausse du taux de la plus-value… est un des facteurs qui déterminent la masse de la plus-value et, partant, le taux de profit également. Il ne supprime pas la loi générale. Mais il a pour résultat d’en faire ‘plutôt une tendance’, c’est à dire une ‘loi’ dont la réalisation  intégrale est arrêtée, ralentie, affaiblie par des causes qui la contrecarrent» (5). Plus loin il écrit: «C’est ainsi que ‘la loi’ (de la baisse du taux de profit – E.V.) ‘n’agit que sous forme de tendance’ dont l’effet n’apparaît d’une façon frappante que dans des circonstances déterminées et sur de longues périodes» (6). Marx écrit à propos de la concentration du capital: «Ce procès ne tarderait pas à mener la production capitaliste à la catastrophe, si, à côté de cette force centripètes, des tendances contraires n’avaient sans cesse un effet décentralisateur» (7). Même dans les rares cas où Marx distingue une loi qu’il appelle absolue ou fondamentale, il souligne l’action de tendances opposées. Résumant son étude des lois de l’accumulation du capital et de l’apparition de la réserve industrielle, il écrit: «…Plus cette armée de réserve grossit… plus grossit la surpopulation consolidée… Plus s’accroît enfin cette couche des Lazare de la classe salariées, plus s’accroît aussi le paupérisme officiel. ‘Voilà la loi absolue, génèrale, de l’accumulation capitaliste’. L’action de cette loi, comme de toute autre, est naturellement modifiée par des circonstances particulières» (5)” [Evguéni Varga, ‘Essais sur l’économie politique du capitalisme’, Moscou, 1967] [(1) V. Lénine, ‘Oeuvres complètes’, t. 29, p. 227; (2) Dans le «micro-monde», c’est-à-dire dans le domaine del la physique atomique, la «précision» a ses limites. Mais cela n’empêche nullement l’utilisation pratique de l’énergie atomique. Cette imprécision disparaîtra peut-être avec le progrès de la science; (3) F. Engels, ‘Anti-Dühring’, Editions Sociales, Paris, 1956, p. 179; (4) K. Marx, ‘Le Capital, Livre I, t. I, p. 18 (souligné par nous – E.V.); (5) K. Marx, ‘Le Capital, Livre III, t. I, p. 247 (souligné par nous – E.V.); (6) Ibid. p: 251; (7) Ibid., p. 259; (8) K. Marx, ‘Le Capital’, Livre I, t. III, p. 87]