“Mais List ne considère les classes sociales que dans la mesure où elles doivent se soumettre à un intérêt national abstrait. D’ailleurs les classes paysanne ou ouvrière ne sont pas perçues comme capables de mettre en avant des objectifs propres. Seules la noblesse et la bourgeoisie industrielle semblent compter. De ce fait, il considère la Nation comme transcendante et non comme un concept essentiellement construit par des intérêts de classe, ce qui le distingue fondamentalement de l’analyse de Marx et d’Engels. Pour List, les peuples ont des propensions innées à rechercher la prospérité et l’hégémonie. Il énonce une “tendance des peuples à chercher les garanties de leur conservation et de leur prospérité ou d’établir leur préponderance” (List, 1998, p. 98). Les peuples sont donc des acteurs de l’histoire indépendamment des classes sociales. Le développement économique des nations et les rapports entre ces nations ne découlent pas de phénomènes objectifs matériels (démographie, progrès technologique) mais d’un comportement naturel des peuples. Cette vision d’une nation autonomisée, au-delà des classes, montre l’influence des idées universalistes de l’Etat véhiculée par la Révolution française. Mais List n’envisage pas une république universelle mais une “association universelle” de peuples caractérisés par un développement égal (List, 1998, p. 95). Cette concurrence entre peuples développés de manière égale serait préférable à la domination d’un seul peuple (britannique) sur les autres car elle engendrerait une émulation positive (List, 1998, p: 96)” [J.C. Defraigne J.L. de Meulemeester, “Le Système National de List: La fondation du réalisme pluridisciplinaire en économie politique internatinale contre le libre-échangisme anglo-saxon] [(in) ‘La pensée économique allemande’, Paris, 2009, a cura di Alain Alcouffe e Claude Diebolt]