“La question essentielle autour de laquelle se forma ce groupe di Hervé, était celle de la tactique à adopter pour combattre le danger de guerre. L’avance de l’impérialisme français au Maroc résultant de l’accord franco-anglais de 1904, le danger d’une guerre avec l’Allemagne, la radicalisation des masses, tout cela donna une forte impulsion à Hervé et détermina les oscillations à gauche de ce politicien petit-bourgeois type. Plus tard, Hervé lui-même expliqua sa position d'”ultra-gauche” en disant que la menace d’une guerre franco-allemande à cause du Maroc et l’impassibilité du Parti l’incitèrent a demander que l’on accentuât la propagande antimilitariste. Quant à la proposition pratique de Hervé qui s’appuyait sur la Fédération socialiste du département rural de l’Yonne (plus tard, la propagande hervéiste s’acquit de fortes bases à Paris), elle tendait à ce que, en réponse à une déclaration éventuelle de guerre, le Parti socialiste proclamât “la grève des réservistes”. Les soldats socialistes devaient déserter et les réservistes rester chez eux. “La grève des réservistes, disait Hervé au congrès de Stuttgart, n’est pas de la résistance passive: la classe ouvrière aura tôt fait de passer à la résistance ouverte, à l’insurrection, laquelle aurait d’autant plus de chances de succés que l’armée active se trouverait alors à la frontiére du pays”. C’est ce plan qu’il défendit, et il proposa de stipuler dans son projet de résolution qu’à la déclaration de guerre, d’où qu’elle vienne, on répondra par la grève des réservistes et l’insurrection. Lénine contre l’hervéisme. A cette époque même, en 1907, Lénine soumit à une critique acerbe cette motion de Hervé. Lénine fit remarquer: “Dès le premier coup d’oeil, il devint évident que Hervé commettait la faute impardonnable… d’oublier l’enchaînement de cause à effet existant entre la guerre et le capitalisme; en adoptant la politique hervéiste, le prolétariat se condamnerait à un travail stérile: il userait toute sa combattivité (puisqu’il s’agit d’insurrection) à combattre la consèquence (la guerre) et laisserait subister la cause (le capitalisme)”. Lénine montrait que “…la lutte doit consister non pas seulement dans la substitution de la paix à la guerre, mais dans le remplacement du capitalisme par le socialisme”. Il s’agit non d’enrayer la guerre, mais de substituer le socialisme au capitalisme. Or, le pacifiste petit-bourgeois enragé, Hervé, ne voyait qu’un seul aspect de la questione; la lutte pour la paix, et l’antimilitarisme lui faisait oublier la nécessité de combattre pour le socialisme” [J. Vidal, Le mouvement ouvrier français de la Commune à la guerre mondiale. (Aperçu historique), 1934] [V.I. Lenin – Materiali Bibliografici] [LBM*]