“Au printemps du 1911, après la prison et la déportation, j’arrivai à Paris. Quelques jours plus tard, je me rendis rue Marie-Rose, au numéro 4. C’était là que, dans un petit logement, vivait Vladimir Ilitch avec la fidèle compagne de sa vie et de sa lutte, Nadejda Konstantinovna Kroupskaïa, et la mère de celle-ci, Elizavéta Vassilievna. Le train de vie de cette petite famille était une énigme pour les petits bourgeois parisiens. Une modestie extrême et une proprété idéale. Une foule de visiteurs, et l’absence totale de bruit, de remue-ménage. Malgré ses petites dimensions, le logement ne paraissait pas exigu grâce à l’ordre parfait qui y régnait. Les simples lits de fer étaient garnis de couvre-lits d’un blanc de neige; sur les tables en bois blanc, del livres étaient disposés par petites piles régulières. Des livres en quantité. La cuisine, proprette et accueillante, servait de salle à manger et de salon. C’est là que me conduisit Nadejda Konstantinovna, qui m’avait ouvert la porte; elle était très heureuse de voir une bolchévique arrivée de Russie. Bientôt après Vladimir Ilitch rentra de la bibliothèque. Il me pressa de questions sur la Russie, en insistant sur la description minutieuse de chaque détail. Lénine avait un don inégalé de faire parler tout un chacun. C’est pourquoi, au bout de quelques minutes, sa simplicité et son ardent intérêt pour tout ce qui concernait la Russie, eurent raison de ma timidité et de ma confusion, parfaitement naturelles. Il me semblait que mes “nouvelles” de Pétesbourg étaient déjà périmées. Cependant, ce que je pus lui communiquer sur l’activité de l’organisation de Pétersbourg du parti aux années 1908-1909, intéressa vivement Vladimir Ilitch; bien plus, cette information l’émut même, bien qu’il fût mieux que nous tous renseigné sur les événements de Russie et sur l’activité des organisations du parti. Vladimir Ilitch voulait tout savoir, jusque dans les moindres détails, si ceux-ci aidaient à reconstituer le tableau de l’activité du parti, qui était particulièrement difficile, sous la féroce réaction stolypinienne. Il disait: “Il n’y a pas de détails superflus, tous ont de l’importance”, et il me priait de ne rien omettre. Il écouta avec un grand intérêt ce que je lui dis de l’accueil fait à son livre ‘Matérialisme et empiriocriticisme’. Aujourd’hui, tout le monde connaît cet ouvrage de Lénine, des millions d’hommes l’étudient. Mais, à l’époque où le livre parut pour la première fois, il produisit sur les adversaires l’effet d’une bombe. Sa parution marqua le début d’une large pénétration des principes théoriques du marxisme dans les masses du parti” [T. Lioudvinskaia, A Terioki et a Paris] [(in) ‘Lénine tel qu’il fut. Souvenirs de contemporains, 1958] [Lenin-Bibliographical-Materials] [LBM*]
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- Articolo pubblicato:21 Dicembre 2013