“On ne saurait sous-estimer l’importance du congrès de Bâle, dans ce processus; c’est lui qui a révélé aux adversaires de Bakounine sa puissance et l’efficacité de son action, action d’autant plus redoutable que son caractère secret pouvait inciter à la surestimer. Il faudrait étudier en détail les réactions de Marx et Engels, des Allemands, des différentes sections. D’ailleurs, en 1872 encore, lors de la préparation du congrès de La Haye, Marx et Engels redouteront de voir les partisans de Bakounine, renouvelant leur action de 1869, apparaître en force au congrès et le majoriser. D’où les efforts pour faire attribuer des mandats à leurs amis et pour faire invalider ceux de leurs adversaires. À Genève, tout s’est joué en huit ou dix mois, de la fondation de l’Alliance au congres de Bâle. Fondée sur une certaine équivoque, reprenant la tradition très vivante à Genève de ces sociétés à caractère plus ou moins secret et au vocabulaire des plus révolutionnaires adhéraient des proscrits d’autres pays, la section de l’Alliance ne tarda pas à perdre une grande partie de ses éléments. En butte aux même difficultés que les autres section de l’Internationale, elle souffrit comme elles du manque d’assiduité de ses membres. Par la suite, Bakounine se hâtera de rejeter la responsabilité de son échec sur Perron et Robin, mais force est de constater qu’à son départ de Genève, le 30 octobre 1869, il leur laissait une situation déjà bien compromise” [Marc Vuilleumier, Histoire et combats. Mouvement ouvrier et socialisme en Suisse, 1864-1960, 2012]