“Les luttes ouvrières de 1835, de 1839 et surtout la grève massive des ouvriers parisiens en 1840, à laquelle participèrent 100 000 ouvriers, confirmaient la thèse selon laquelle la force et la conscience de classe du prolétariat qui, en 1830, avait surgi “d’un brusque coup de tonnerre sur la scène politique” (12) s’accroissait de plus en plus. Dans cette lutte pour l’émancipation et le pouvoir politique, le prolétariat s’adjoignit un allié fort utile: les forces révolutionnaires de l’aile gauche de la petite bourgeoisie, organisées dans des sociétés secrètes, des clubs, etc., et en particulier les intellectuels. L’installation d’écoles pour une “éducation des ouvriers” et d’une commission pour “la propagande parmi la classe ouvrière” constituait une preuve du rapprochement entre la fraction révolutionnaire, néo-jacobine, de cette petite bourgeoisie et le mouvement ouvrier. Ces cours furent assurés par une des sociétés secrètes les plus importantes de l’époque: la ‘Societé des Droits de l’Homme’. Elle s’était donné pour but l’abolition de la propriété et de l’exploitation de l’homme par l’homme. A cette évolution au sein des sociétés secrètes correspondait l’orientation idéologique en faveur des idées babouvistes d’un communisme égalitaire, s’opposant aux doctrines relativement réformistes des “socialistes” de l’époque: Saint-Simon et Fourier. (Engels écrivait dans la préface du ‘Manifeste communiste’: “Le socialisme signifiait en 1847 un mouvement bourgeois, le communisme un mouvement ouvrier” (13)). Le mouvement “communiste” dont les origines remontent dans la Révolution française, se partagea, selon R. Garaudy, en deux tendances très voisines qui parfois même se recoupaient: le communisme néo-babouviste de tradition jacobine qui comptait au nombre de ses représentants Laponneraye, Lahautière et Jean-Jacques Pillot, et le communisme matérialiste (14) représenté principalement par Théodore Dézamy et Auguste Blanqui. Cette distinction (15) semble ignorer que l’élément jacobin est aussi perceptible dans la tendance matérialiste et que les deux tendances ont des racines communes dans le matérialisme mécaniste du rationalisme français” [Arno Münster, Introduction] [(in) Louis Auguste Blanqui, a cura di Arno Münster, Ecrits su la Révolution. Oeuvres complètes 1. Textes politiques et lettres de prison, 1977] [(12) Blanqui, Discours devant la société des Amis du Peuple, 1832; (13) F. Engels, Préface au ‘Manifeste du Parti Communiste, 1er mai 1890, Ed. Sociales, 1954, p. 24; (14) Garaudy, op. cit., p. 173; (15) Ibid. (Roger Garaudy, Les Sources françaises du socialisme scientifique, Paris, 1848)]
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- Articolo pubblicato:10 Luglio 2013