“Lafargue travaillait donc avec les ouvriers qui se groupaient dans les sections de la première Internationale et autour du journal ‘La Marseillaise’. Il était d’ailleurs membre du conseil général de l’Association Internationale des Travailleurs. Voici la guerre prévue et combattue par Lafargue. Napoléon III fut vaincu. La République s’installa mais Lafargue, à juste titre, n’avait aucune confiance dans les hommes du gouvernement dit de Défense nationale. Il réclamait des mesures énergiques: “Saisie de tous les biens des députés bonapartistes responsables de la guerre et de l’invasion: supréssion de tous les impôts indirects, mise à la charge de la nation des familles de ceux qui combattaient pour la République, paie assurée à tous les ouvriers enregimentés dans la garde nationale”. Lafargue avait prévu que les élections à l’Assemblée nationale allaient donner la majorité à la réaction. Dans une lettre à Marx (9 février 1871) il traçait le devoir des véritables républicains: “Ne pas se compromettre, ne pas effrayer le Parti républicain, s’organiser et se préparer sérieusement pour une prochaine révolution qui ne tardera pas” (1). La révolution éclata, plus tôt que Marx et Lafargue ne le souhaitaient: ce fut la Commune de Paris. Pas l’ombre d’une hésitation. Lafargue est aux côtés des Communards. Les 8 avril 1871 il écrit de Paris à Karl Marx (2): “J’ai vu les hommes de la Commune qui sont pleins d’enthousiasme ainsi que la population; il ont toujours l’espoir de prendre Versailles et ils travaillent pour cela. Les hommes ne manquent pas, ce sont les chefs qui font défaut. C’est ce que me disait Vaillant. Engels ne pourrait-il pas venir mettre ses talents au service de la Révolution?”. C’est pour Bordeaux que Lafargue repart avec la mission d’organiser la lutte dans cette ville où il avait fondé une section de la Première Internationale. Il échoue et la Commune fut vaincue. Lafargue fut obligé de s’exiler” [Jean Bruhat, ‘Paul Lafargue et la tradition du socialisme révolutionnaire français. Doctrine et Histoire’, in Cahiers Internationaux, Revue internationale du monde du travail, N° 7-8, Juillet-Août 1949, pag 65-76] [(1) Lettres de communards et de militants de l’Internationale à Marx, Engels et autres dans les journées de la Commune de Paris en 1871, 1934, p. 14; (2) idem, p. 25]