“Il n’est pas besoin de démontrer qu’il faut du courage pour faire grève, souvent même beaucoup plus de bravoure, d’audace et de détermination que pour une insurrection. A la verité, il n’est pas facile, pour un travailleur qui sait par expérience ce qu’est le dénuement, de l’affronter avec sa femme et ses enfants, de faire face avec les siens à la faim et à la misère, des mois durant, sans faiblir, sans se laisser jamais ébranler par tant d’épreuves. Qu’est-ce que la mort, qu’est-ce que le bagne qui guettent le révolutionnaire français, si on les compares avec la famine qui monte peu à peu, avec le spectacle quotidien d’une femme et d’enfants qui ont faim, avec la certitude que la bourgeoisie se vengera? Le travailleur anglais choisit d’affronter tout cela plutôt que de se soumettre au joug de la classe possédante. Nous donnerons plus loin un autre exemple de ce courage obstiné, inflexible qui capitule seulement quand toute résistance est devenue vaine, absurde. Et précisement, par cette obstination qui s’affirme sans armes, par cette inlassable force de caractère qui résiste chaque jour à chaque épreuve, le travailleur anglais développe un côte de sa personnalité qui commande le plus profond respect. Un peuple qui est capable d’en supporter autant pour faire reculer un seul patron sera capable de briser le pouvoir de patronat comme classe” [Friedrich Engels, extraits de ‘Situation du prolétariat en Angleterre, chapitre: “Mouvement Ouvrier”] [(in) Friedrich Engels, Théorie de la violence, 1975]