“Il faut, avant tout, remarquer que Strachey ne semble pas posséder toutes les données du problème. En premier lieu il ne pas exact d’attribuer à Marx, ainsi que fait Strachey, une théorie des salaires de subsistance. Il suffit de lire plus attentivement le “Capital” pour voir facilement que l’hypothèse du salaire de subsistance (par la simple reproduction de la force de travail) est posée séparément  à l’intérieur du schéma marxien pour des exigences normales de méthode, mais qu’il lui est intégrée une autre composante – sociale – qui jointe à la composante physique constitue la thèse intégrale de Marx sur la valeur de la force de travail. Valeur qui est donc déterminée non seulement par le minimum physique, mais aussi par le niveau de vie traditionnel (conditionné historiquement) des travailleurs dans un pays déterminé. Cette considération, que Strachey oublie de faire, est toujours essentielle pour toute la question. En effet, il faut comparer le niveau “historique” de la valeur de la force de travail aux conditions de vie des travailleurs: ceci comporte des difficultés majeures, dépassant le cadre d’une simple confrontation de données statistiques. En second lieu il est également erroné de prétendre que Marx ne retient pas la possibilité d’une augmentation des salaires réels, que les travailleurs peuvent obtenir par leurs luttes. Si Marx soutient la thèse selon laquelle la situation du travailleur doit se détériorer “quelle que soit sa rétribution” (“Capital”, I, 3, p. 97, Ed. Rinascita), on ne peut pas dire avec Strachey que “l’augmentation des salaire réels a invalidé le schéma ricardo-marxien”. L’erreur est ici de Strachey, qui semble avoir oublié la polémique de Marx contre ceux qui s’opposaient à la lutte pour l’augmentation des salaires se réclamant de la “loi d’airain” des salaires de Lassalle. D’ailleurs, Marx est très explicite à ce propos quand, dans “Salaire, prix et profit”, il dit que l’élévation du niveau de vie des travailleurs dépend essentiellement du rapport de forces entre eux et les capitalistes (Ed. Rinascita, pp. 88-89). D’autre part, et il est étrange que Strachey l’oublie, déjà Engels faisait remarquer en 1891, lors de la rédaction du “Programme d’Erfurt”, que les travailleurs, à mesure que croît leur organisation de classe et leur capacité de lutte, peuvent s’apposer à la tendance à la detériorisation du leurs conditions d’existence” [Vincenzo Vitello, Le capitalisme contemporain de John Strachey] [(in) Cahiers Internationaux, Revue internationale du monde du travail, N° 94, Mars  1958]