“A l’issue du congrès de La Haye, K. Marx publie sous le titre ‘L’Alliance de la démocratie socialiste et l’A.I.T.’ (Londres, juillet 1873) une attaque contre les anarchistes. En voici la conclusion: “Tout en laissant la plus complète liberté aux mouvements et aspirations de la classe ouvrière dans les différents pays, l’Internationale avait cependant réussi à la réunir en un seul faisceau et à faire sentir, pour la première fois, aux classes dirigeantes et à leurs gouvernements la puissance cosmopolite du prolétariat. Les classes dirigeantes et les gouvernements ont reconnu ce fait en concentrant leurs attaques sur l’organe exécutif de notre Association, le Conseil général. Ces attaques s’étaient accentuées de plus en plus depuis la chute de la Commune. Et voilà le moment choisi par les alliancistes pour déclarer de leur côté guerre ouverte au Conseil général! D’après eux, son influence, arme puissante entre les mains de l’Internationale, n’était qu’une arme dirigée contre elle. C’était le prix d’une lutte, non contre les ennemis du prolétariat, mais contre l’Internationale elle-même. A leur dire, les tendances dominatrices du Conseil général l’avaient emporté sur l’autonomie des sections et des féderations nationales. Il ne restait plus qu’à decapiter l’Internationale pour sauver l’autonomie. En effet, les hommes de l’Alliance savaient que, s’ils ne saisissaient pas ce moment décisif, c’en était fait de la direction secrète du mouvement prolétaire rêvé par les cent frères internationaux de Bakounine. Leurs invectives trouvèrent un écho approbateur dans la presse policière de tous les pays. Leurs phrases sonores d’autonomie et de libre fédération, en un mot leurs cris de guerre contre le Conseil général, n’étaient donc qu’une manoeuvre pour masquer le vrai but: désorganiser l’Internationale et par cela même la soumettre au gouvernement secret hiérarchique de l’Alliance”” [Jacques Droz, Le socialisme democratique, 1864-1960, 1966]