“Le développement de la production capitaliste entraîne l’augmentation de la masse de la plus-value, l’augmentation non seulement du capital accumulé, mais encore des revenus des capitalistes, et en même temps un accroissement du gaspillage des capitalistes. Il a pour effet entre autres de ressusciter les formes féodales dont on avait au point de vue économique triomphé depuis longtemps. Ainsi, par exemple, les rois de la finance et les propriétaires de ‘latifundia’ s’efforcent de créer des chasses de l’étendue des forêts du Moyen Age. Par les descriptions du ‘Capital’ de Marx, on sait avec quelle brutalité une classe qui n’a pas besoin de ménager l’argent et qui trouve ridicule de ménager les hommes, a, en Ecosse, dépossédé les laboureurs de vastes domaines pour les remplacer d’abord par des moutons, ensuite par des cerfs. C’est ce qui se passe aujourd’hui dans certaines parties de la France, de l’Allemagne et de l’Autriche. En Autriche, le domaine forestier, d’après les données d’Endres, dans le ‘Dictionnaire des Sciences Politiques’, a augmenté depuis le milieu du siècle jusqu’à aujourd’hui d’environ 700.000 hectares, presque 2,5% de la superficie totale, surtout dans les pays alpins et côtiers où l’augmentation est de 600.000 hectares. De 1881 à 1885, on a défriché 3.671 hectares de fôrets, mais en revanche on en a reboisé 59.031. (…) Le livre de Teifen sur la misère sociale et les classes possédantes en Autriche montre, par de nombreux exemples, que dans ce pays ce ne sont pas seulement des déserts qu’on reboise, mais aussi des pâturages et des terres de labour”  [Karl Kautsky, La Question Agraire. Etude sur les tendances de l’Agriculture Moderne, 1900, Reprint 1970]