“La seule chance pour le prolétariat de l’emporter dans un choc militaire c’est de gagner à sa cause (comme la bourgeoisie en 1789 et en 1830 d’ailleurs) une partie de la force armée. Mais précisément, et c’est le deuxième changement que l’évolution historique apporte aux conditions qui étaient celles du milieu du siècle, l’armée tend à devenir, du pont de vue de la répression bourgeoise, moins solide. Il y a là une contradiction interne de l’évolution du militarisme bourgeois à l’ère de la grande industrie, qui devait lui être fatale. (Voir l’analyse célèbre de Friedrich Engels dans l’Anti Dühring. “Le militarisme domine et dévore l’Europe. Mais ce militarisme porte aussi en lui le germe de sa propre ruine. La concurrence des divers Etats entre eux les oblige d’une part à dépenser chaque année plus d’argent pour l’armée, la flotte, les canons, etc…, donc a accélérer de plus en plus l’effondrement financier; d’autre part, à prendre de plus en plus au serieux le service militaire et en fin de compte, à familiariser le peuple tout entier avec le maniement des armes, donc à le rendre capable de faire à un moment donné triompher sa volonté en face de la majesté du commandement militaire”. [Maurice Agulhon, De la Garde Nationale a l’autorité supranationale: les armes successives de la bourgeoisie française] [in Cahiers Internationaux, Revue internationale du monde du travail, n° 54 Mars 1954]