“L’homme qui n’aura trouvé, dans la réalité fantasmagorique du ciel, où il cherchait un surhomme, que le ‘reflet’ de lui-même, n’inclinera plus à ne trouver que ‘l’apparence’ de lui-même, que le non-homme, là où il cherche et doit chercher nécessairement sa vraie réalité. Le fondement de la critique irréligieuse est: ‘c’est l’homme qui fait la religion’, ce n’est pas la religion qui fait l’homme. Certes, la religion est la conscience de soi et le sentiment de soi qu’a l’homme qui ne s’est pas encore trouvé lui-même, ou bien s’est déjà reperdu. Mais ‘l’homme’, ce n’est pas un être abstrait blotti quelque part hors du monde. L’homme, c’est le ‘monde de l’homme, l’Etat, la société. Cet Etat, cette societé produisent la religion, ‘conscience inversée du monde’, parce qu’ils sont eux-mêmes un ‘monde à l’envers’. La religion est la théorie générale de ce monde, sa somme encyclopédique, sa logique sous forme populaire, son point d’honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complétement solennel, sa consolation et sa justification universelles. Elle est la ‘réealisation fantastique’ de l’être humain, parce que l”être humain’ ne possède pas de vraie réalité. Lutter contre la religion c’est donc indirectement lutter contre ce ‘monde-là’, dont la religion est ‘l’arôme’ spirituel.” [Marx, Critique de la philosophie du droit de Hegel, p.41-42][in Angelica Balabanoff a cura; scritti di Karl Marx e Friedrich Engels, Marx et Engels libres penseurs dans leurs ecrits, 1995]