“Les dirigeants socialistes de toutes tendances ont toujours été lucides sur l’effet psychologique dévastateur pour les masses ouvrières que produirait le déclenchement d’une guerre, et sur le fait qu’aucune éducation internationaliste ne pourrait résister au déferlement du nationalisme. Quelle anticipation de juillet 1914 dans cette lettre de Engels à Bebel, du 22 décembre 1882: “Je tiendrais une guerre européenne pour un malheur; ce serait cette fois terriblement sérieux; le chauvinisme serait déchaîné pour des années, car chaque peuple lutterait pour son existence. Tout le travail des révolutionnaires en Russie qui sont à la veille d’une victoire serait rendu vain, anéanti, notre parti en Allemagne serait, dans l’immédiat, submergé par le flot du chauvinisme et détruit; il en serait tout à fait de même pour la France”. Il formula la même idée, le même avertissement en septembre 1886: “Il est certain que la guerre ferait reculer notre mouvement dans toute l’Europe, le détruirait totalement dans de nombreux pays, attiserait le chauvinisme et la haine nationaliste, et parmi les nombreuses possibilités incertaines, elle ne ‘nous’ offrirait ‘certainement’ que celle-ci: après la guerre, il nous faudrait tout reprendre au début, mais sur un terrain infiniment moins favorable qu’il ne l’est même aujourd’hui”. (Id. p. 140).” [Georges Haupt, ‘Guerre ou révolution? L’Internationale et l'”Union Sacrée” en aout 1914’, 1969]
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- Articolo pubblicato:14 Marzo 2012