“Ceux qui veulent connaître la pensée de Marx ne sont certes pas tenus de recourir à la libre transposition de Plekhanov, mais ils sont tenus en revanche d’approfondir Marx au lieu de se livrer, à la Vorochilov, à de fantaisistes randonnées. Fait curieux: si, parmi des gens qui se disent socialistes, il en est qui ne veulent pas ou ne peuvent pas approfondir les “thèses” de Marx, on trouve parfois des philosophes bourgeois rompus aux choses de la philosophie et qui font preuve de plus de bonne foi. Je connais un écrivain qui a étudié la philosophie de Feuerbach et analysé, en relation avec celle-ci, les “thèses” de Marx. Cet écrivain, Albert Lévy, a consacré le troisième chapitre de la deuxième partie de son livre sur Feuerbach à l’étude de l’influence de ce philosophe sur Marx (1). Sans nous demander si Lévy interprète toujours de façon juste Feuerbach, et comment il critique Marx du point de vue bourgeois habituel, nous citerons seulement son appréciation du contenu philosophique des célèbres “thèses” de Marx. “Marx, dit Lévy, à propos de la première thèse, admet d’une part, avec tout le matérialisme antérieur et avec Feuerbach, qu’à nos réprésentations des choses correspondent des objets réels et distincts hors de nous…”. Albert Lévy, on le voit, saisit bien d’emblée la thèse fondamentale du matérialisme, non pas seulement du matérialisme marxiste, mais de ‘tout’ matérialisme, de “‘tout’ le matérialisme ‘antérieur'”: admission des objets réels existant hors de nous, auxquels “correspondent” nos représentations”. (1) Albert Lévy, La Philosophie de Feuerbach et son influence sur la littérature allemande, Paris, 1904 [in Lenin V.I.- Cervetto A., Materialisme et empiriocriticisme. Notes critiques sur une philosophie reactionnaire (Lenin). Lectures: La critique libérale de Bernstein (A. Cervetto), Ed. Science Marxiste, 2009]