“La section parisienne de L’Association Internationale des Travailleurs est fondée en janvier 1865. On ne sait quand Lafargue y adhéra. En février 1865, d’après ses souvenirs, il se rend à Londres pour présenter au Conseil Général de l’AIT, un rapport sur la situation du mouvement ouvrier à Paris. A ce propos, il note: «De toute ma vie, je n’oublierai l’impression que me fit cette première visite» (14). Cette mission peut étonner car les ouvriers parisiens, de formation proudhonienne, se méfiaient es intellectuels. Ici non plus, aucune preuve ne vient corroborer ce mystérieux voyage. S’il a eu lieu, on peut donc supposer qu’à cette date Lafargue est parisien et inscrit à l’Ecole de Médecine parisienne. Ruth Stolz (15) traduit en allemand des lettres déjà publiées par E. Bottigelli (16) et apporte des documents nouveaux (les «confessions» de Laura Marx et de Paul Lafargue, des lettres, des photos, etc.) sur les relations personnelles de Lafargue et de Marx. Elle insiste sur l’impression que fit la vie intime de la famille Marx sur le jeune étudiant français. Dans cette période, Marx compose ‘Le Capital’. Ses réflexions et ses recherches ont été déterminantes pour l’orientation future de Lafargue. A quel moment devient-il membre du Conseil Général de l’AIT? R. Stolz avance le 6 mars, d’autres biographes, le 26 mars. Cette date est importante, car elle done plus valeur au célèbre extrait souvent cité d’une lettre de Marx à sa fille Laura du 20 mars 1866. «That damned boy Lafargue pesters me with his Proudhonism, and will not rest, it seems, until I have administered to him a sound cudgelling of his Creole pate» (17). Marx est attentif à la fortune personnelle de Lafargue quand ce dernier s’éprend de Laura. Nous avons publié dans l’introduction aux textes choisis de Lafargue (Ed. Sociales) une lettre de Marx très utile pour une meilleurs connaissance des deux hommes” [Jacques Girault, ‘Mis au point sur certains aspects de la vie et du rôle du jeune Lafargue’, La Pensée, Paris, n. 153, Octobre 1970] [(14) P. Lafargue, ‘Souvenirs sur Marx’, Paris, 1935, p. 4; (15) R. Stolz, livre cité [Karl Marx, ‘Wie ich meinen Schwiegersohn erzog’, présentation de Ruth Stolz, Dietz Verlag Berlin, 1969]; (16) E. Bottigelli, article cité; (17) «Ce sacré Lafargue m’empoisonne avec son proudhonisme, et ne cessera, semble-t-il, que quand je lui aurai administré une bonne bâtonnade sur sa caboche de Créole»]