“Kautsky applique le marxisme de telle sorte qu’il en fait évaporer tout le contenu et qu’il ne reste que le petit mot «intérêt» dans on ne sait quelle conception surnaturelle, spiritualiste, car il n’y est pas question de vie économique réelle, mais de souhaits innocents sur le bien-être général. . Le marxisme juge des «intérêts» sur la base des antagonismes de classe et de la lutte des classes qui se manifestent au travers de millions de faits de la vie quotidienne. La petite bourgeoisie rêve de l’atténuation des antagonismes et bavarde en avançant cet «argument» que leur aggravation entraîne des «conséquences nuisibles». L’impérialisme, c’est la subordination de toutes les couches des classes possédantes au capital financier et le partage du monde entre cinq ou dix «grandes» puissances, dont la plupart participent aujourd’hui à la guerre. Le partage du monde par les grandes puissances signifie que toutes leurs couches possédantes sont ‘intéressées’ à la possession de colonies, de sphères d’influence, à l’oppression de nations étrangères, aux postes plus ou moins lucratifs et aux privilèges conférés par le fait d’appartenir à une «grande» puissance et à une nation oppressive (1). Il est ‘impossible’ de vivre à l’ancienne mode, dans une atmosphère relativement calme, paisible, de bonne intelligence, et qui est celle du capitalisme évoluant sans à-coups et s’etendant progressivement à de nouveaux pays, car une autre époque est arrivée. Le capital financier ‘évince’ et évincera le pays en question du nombre des grandes puissances, lui enlèvera ses colonies et ses sphères d’influence (ainsi que menace de le faire l’Allemagne, partie en guerre contre l’Angleterre); il enlèvera à la petite bourgeoisie ses privilèges et ses revenus subsidiaires de «nation impérialiste». C’est un fait prouvé par la guerre. C’est à cela qu’a ‘abouti’ effectivement l’exaspération des antagonismes, reconnue par tous depuis longtemps, y compris par ce même Kautsky dans sa brochure ‘le Chemin du pouvoir’. Et maintenant que la lutte armée pour les privilèges de nation impérialiste est devenue en fait acquis, Kautsky commence à ‘persuader’ aux capitalistes et à la petite bourgeoisie que la guerre est une chose horrible tands que le désarmement est une bonne chose; exactement de la même façon et exactement avec les même résultats qu’un pope chrétien, du haut de la chaire, persuade aux capitalistes que l’amour du prochain est un précepte de Dieu, une aspiration de l’âme et une loi morale de la civilisation. Ce que Kautsky appelle tendances économiques vers l’«ultra-impérialisme», est précisément une ‘persuasion’ petite-bougeoisie pour décider les financiers à ne pas faire le mal” (pag 28-29) [(1) E. Schultze rapporte que vers 1915, on estimait la somme des valeurs dans le monde entier à 732 milliards de francs, y compris les emprunts des Etats et des municipalités, les hypothèques et les actions des sociétés commerciales et industrielles, etc. De cette somme 130 milliards de francs revenaient à l’Angleterre, 115 aux Etats-Unis d’Amérique, 100 à la France et 75 à l’Allemagne, soit 420 milliards de francs pour ces quatre grandes puissances, soit plus de la moitié de la somme totale. Ceci permet de juger combien grands sont les avantages et les privilèges des nations impérialistes avancées qui ont dépassé les autres peuples qui les oppriment et les spolient (Dr. Ernst Schultze: «Das Finanz-Archiv, Berlin, 1915, 32° année, p. 127). La «défense de la patrie» des nations impérialistes est la défense du droit au butin provenant du pillage des nations étrangères. En Russie, comme on sait, l’impérialisme capitaliste est plus faible: par contre, l’impérialisme militaire-féodal est plus fort] [V.I. Lenin, ‘La faillite de la Deuxième Internationale’ (1915), Paris, 1973] [Lenin-Bibliographical-Materials] [LBM*]
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- Articolo pubblicato:27 Febbraio 2017