“Brousse et ses amis attribuent alors l’échec électoral de leurs candidats aux élections de 1881 à Paris au texte de la déclaration du parti [POF ndr] rédigée par Marx et Engels. Déjà ils jugent inadmissible que les socialistes français se soumettent en touts circonstances à un chef installé à Londres, et comparent les guesdistes aux catholiques ultramontains qui obéissent au pape de Rome (on sait qu’au cours de XIXe siècle le débat entre gallicans et ultramontains a divisé profondément l’Eglise de France). Mais ils contestent surtout la voie révolutionnaire. Les broussistes sont gradualistes, Brousse le dit: “Nous ne désirons pas une révolution trop prompte, nous préférons que la transformation se fasse lentement, logiquement”.  On ne s’improvise pas directeur d’un grand-service public du jour au lendemain parce que l’on a fait un beau discours. Voyez Gambetta, malgré son éloquence, et les gens de la Commune de Paris (…) c’était trop rapide”. (…) Ainsi la critique radicale de la société débouche sur un réformisme qui prend la forme d’un ralliement à la théorie des “services publics” imaginée par le théoricien belge César de Paepe. C’est par le développement de “services publics”, et surtout municipaux, à caractère économique, opéré au fur et à mesure des besoins, que se réalisera la socialisation” [Jacques Moreau, L’espérance réformiste. Histoire des courants et des idées réformistes dans le socialisme français, 2007]