“En Russie, la révolution agraire est marquée au coin de la spontanéité. C’est-à-dire: a) que le ‘moujik’ s’emparent des terres à volonté; b) qu’ils en dilapident le matériel agricole; c) que les plus riches d’entre eux, les ‘koulak’, prennent la part du lion: “Die Bauern teilten den Boden auf und verschleppten die Produktionsmittel, wobei nicht die ärmsten, sondern die wohlhabendsten Bauern den grösseren Anteil erhielten” (Eugen Varga, ‘Die wirtschaftspolitischen Probleme der proletarischen Diktatur’, Bibliothek der kommunistischen Internationale, VIII, Hambourg, 1921, p. 103). Dès le 8 août 1918, Lénine entre en lutte contre les ‘koulak’ (‘La lutte pour le pain’, discours publié à l’époque et traduit en plusieurs langues, omis en 1961 dans le tome XXVIII des oeuvres complètes). Dès 1918, Rosa Luxemburg, assassinée le 15 janvier 1919, écrit: “La prise de possession des terres par les paysans selon la formule de Lénine et de ses amis, les faisait passer de la grande propriété foncière à la propriété paysanne… Avec ou sans comités, les paysans riches et les usuriers, qui sont la bourgeoisie et le pouvoir dans le village russe, ont été les principaux bénéficiaires de la révolution agraire” (‘La Révolution Russe, Paris, 1964, p. 43). Rosa Luxemburg oppose au ‘processus’ russe le ‘processus’ français: “Le paysan parcellaire de France était devenu le plus vaillant défenseur de la Révolution française, qui l’avait doté de la terre confisquée aux émigrés. Il porta, comme soldat de Napoléon, le drapeau de la France à la victoire, parcourut l’Europe entière en tout sens, et détruisit la féodalité dans un pays après l’autre. Il se peut que Lénine et ses amis aient attendu de leur mot d’ordre agraire un effet semblable. Mais le paysan russe, ayant pris la terre à volonté, n’a pas songé un instant à défendre la Russie et la Révolution, auxquelles il devait cette terre. Il s’est claquemuré dans sa propriété nouvelle, laissant la Révolution à ses ennemis, l’Etat à sa ruine, la population des villes à la famine (p. 44). Sans le savoir, Rosa Luxemburg se rencontre avec le comte de Montlosier. En 1793, celui-ci adresse au comte de Mercy-Argentau, ambassadeur d’Autriche, un rapport sur l’état de la France. Rapport que, vers 1830, Montlosier résume ainsi: “Je montrai comment, par la vente des domaines de la couronne, de la noblesse et du clergé, et par l’opération des assignats, le territoire de la France se trouvait converti en monnaie, et toute la population en soldats” (Souvenirs d’un émigré (1789-1798), Paris, 1951, p. 155). [Bertrand Hemmerdinger, La révolution agraire en France et en Russie. (Varietà e documenti), Belfagor, Firenze, n° 271 1991] [V.I. Lenin – Materiali Bibliografici] [LBM*]
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- Articolo pubblicato:27 Febbraio 2014