“Lafargue ne peut être considéré comme un pape infaillible du marxisme. Esprit audacieux, il s’est souvent trompé. Mais, même dans ses erreurs, il demeure toujours attrayant et fécond. “C’était un dialecticien né – a dit de lui F. Mehring. la dialectique a formé le lien le plus solide qui l’unissait à Marx”. Paul Lafargue naquit le 15 janvier 1841 à Santiago-de-Cuba, de père et mère français. Il avait fait son éducation en Europe et étudia en France la médecine. De convictions républicaines, il fut l’un des organisateurs du congrès de Liége, première grande manifestation de la jeunesse républicaine contre l’Empire. Poursuivi à son retour avec Victor Jaclar, Gustave Tridon, et quelques autres, il fut exclu de toutes les facultés de France et du finir ses études de médecine à Londres. C’est à Londres qu’il fit la connaissance de Karl Marx. Lafargue a raconté lui-même que, proudhonien comme la plupart des socialistes française de cette époque, il hésita longtemps à rentre visite à Marx. C’est presque à regret qu’il était allé avec une lettre de présentation de Jaclar (1) faire à Marx une simple visite de politesse. La discussion s’engagea aussitôt, l’impétuosité de Lafargue fut vaincue par la dialectique implacable de Marx. Il ne se retira qu’au matin, séduit et conquis (2). La sympathie s’établit vite: hôte assidu de la maison de Marx, il devenait bientôt son gendre. Il épousa en effet Laura, la deuxième fille de Marx, née a Bruxelles en 1846. Il retourna à Paris pour mener la lutte contre l’Empire. (…) Lafargue ne connut Guesde qu’à Londres où celui-ci, d’accord avec Benoît-Malon, arrivait en mai 1880 pour rédiger avec Marx un programme destiné au prolétariat français. Ce programme, avec quelques additions émanant de groupes réprésentés au congrès régional de Paris, devenait le programme du Parti ouvrier. (…) Lafargue profita de son mandat législatif pour se faire “commis voyageur en socialisme”, allant porter partout la parole révolutionnaire à travers la France. Les “travaux parlementaires” ne l’enthousiasmaient pas, Il ne fut pas réélu et ne fut plus jamais “élu du peuple”. Lafargue n’avait rien d’electoral. (…)” [J. Varlet, Préface] [(in) Paul Lafargue,  théoricien du marxisme. Textes choisis, annotés et préfacés par J. Varlet, 1933] [(1) Suivant d’autre sources, de Tolain; (2) Lafargue, cependant ne se débarrassa pas vite de son proudhonisme. Marx ècrit à ce propos à Engels: “Ce sacré Lafargue me fatigue avec son proudhonisme, il ne me laissera en paix que le jour où je lui assènerai quelques bons coups sur sa caboche de créole]