“Le correspondant du ‘New York World’, écrivant de Paris en avril 1871, observait justement que la Commune avait un caractère international, mais l’expliquait par des fausses raisons (‘The World’, 14 avril 1871). En s’appuyant sur un article du ‘Gaulois’, qui suivait la politique de Bismarck, Thiers et Favre, le correspondant reprenait l?accusation que l’insurrection de la Commune de Paris, le 18 mars 1871, avait été préparée par Karl Marx et d’autres à Londres. Cela était vrai en un sens. La Commune était l’enfant spirituel de l’Internationale. Mais l’Internationale n’avait pas levé un doigt pour la provoquer, ainsi d’Engels l’écrivait à Sorge, le 12 septembre 1874 (Fr. Engels-K. Marx et divers, Correspondance publiée par F.A. Sorge, tome I, p. 204). Si le correspondant du ‘World’ avait lu le second manifeste du Conseil général sur la guerre franco-prussienne, dont Marx était l’auteur, il y aurait vu l’avertissement donné aux travailleurs français de ne pas renverser la république qui était née le 4 septembre (K. Marx, la guerre civile en France, Paris, 1946, pp. 32-33). Cependant, quand la Commune de Paris se révolta, Marx, Engels et l’Internationale dans son ensemble se rallièrent à sa défense. (…) La Commune avait, en vérité, un caractère international authentique, et c’est là qu’est sa grandeur historique, comme disait Engels, lors du vingt et unième anniversaire de la Commune de Paris (Id. p. 90). Les travailleurs de tous les pays reconnurent son caractère international dès le départ. Aux Etats-Unis, comme nous le montrerons, la fraction évoluée de la classe ouvrière et les premiers progressistes défendirent son honneur contre les attaques venimeuses d’une presse vénale et contribuèrent généreusement à soulager la détresse des exilés de la Commune. Cela était tout à fait dans la ligne du mouvement ouvrier américain. Il avait sa tradition révolutionnaire, qui avait pris racine dans la guerre de libération contre les Anglais, au dix-huitième siècle, et dans la guerre civile, au dix-neuvième. Lénine comme Marx reconnurent l’empreinte de cette tradition sur le mouvement ouvrier international. Le premier, en employant des superlatifs, parla de “la plus grande, l’historique portée révolutionnaire et progressiste de la guerre civile américaine de 1861-1865” (Lenin, Une lettre aux travailleurs américains, New York, 1934, p. 16). Le second, Marx, fut amené, par la tournure des événements, à inclure les Etats-Unis dans ses calculs sur la croissance du capitalisme et du mouvement prolétaire mondial. C’est ainsi qu’il écrivit dans la préface du ‘Capital’: “Comme la guerre américaine d’indépendance a sonné le tocsin pour la classe moyenne européenne, de même la guerre civile américaine à sonné le tocsin pour la classe ouvrière européenne” (‘Capital’, New York, 1939, Vol 1, préface à la premiere éditions, p. XV. La même pensée se retrouve dans l’Adresse de la première Internationale à Abraham Lincoln”, écrite par Marx. L’Adresse figure dans les “Procés-verbaux des séances du Conseil Général de l’Association Internationale des Travailleurs”, non publiés, du 29 novembre 1864. Elle a été réédité dans Karl Marx et Fréderic Engels, La guerre civile aux Etats-Unis (New York, 1937), pp. 279-281. (…)). Il n’est pas besoin de décrire les manifestations de la tradition révolutionnaire américaine” [Rose e Samuel Bernstein, ‘Répercussions de la Commune de Paris aux Etats-Unis’, (in) Cahiers Internationaux, Revue internationale du monde du travail, N° 24, Mars 1951, pag 11-33]