“Assurément, dans sa forme absolue telle que certains textes de Marx la livrent, elle [la théorie matérialiste de l’histoire, ndr] peut entrer en opposition avec le christianisme, qui se refusera toujours à considérer le contenu de l’esprit, de la conscience, les principes vitaux , comme de simples produits des conditions économiques ambiantes, de simples ombres passant et jouant dans l’esprit humain. Il croit à leur vie propre, et en partie indépendante. Kutter, avec raison, relève cette opposition: “Il se manifeste dans les idées un mouvement indépendant qui peut bien être ‘sollicité’, mais non ‘créé’ par les conditions économique” . Mais, nous avons vu déja (1) que cette forme absolue a été soumise à une revision. On précise plus scientifiquement la pensée de Marx. “A prendre les choses en gros, c’est bien l’industrie humaine qui constitue la principale force motrice de l’histoire, mais en faisant cette constation les marxistes ne prétendent pas que ce soit la seule force. Ils ne disent nullement que le facteurs intellectuels et moraux ne jouent aucun rôle dans l’évolution des sociétés…sous peine de tomber dans l’absurde, il faut dire que les idéologies sont le produit nos pas du milieu économique, mais des rapports qui s’établissent entre l’esprit humain et le milieu économique” (Vandervelde, Essais socialistes). Vandervelde va même plus loin; il admet la vie propre, indépendante de certains grandes idées, de certains principes éternels dont l’application seule dépend des circonstances économiques (…)” [Jules Humbert-Droz, Le christianisme et le socialisme. Leurs opposition et leurs rapports, 1914] [(1) Kutter, ‘Dieu les mène’]