“Dans les années qui précédèrent la révolution de février, alors que Marx et Engels vivaient à Bruxelles, la capitale belge fut même une sorte de centre de la propagande communiste. Mais tout cela ne s’etait pas encore profondément enraciné dans le pays de la Constitution modèle. Au contraire, lors même des tempêtes de 1848, qui ne parvinrent pas à l’ébranler, la Belgique fut encore davantage l’Eldorado du constitutionnalisme bourgeois. Aucun pays d’Europe, exception faite de la Russie semi-asiatique, n’était resté à l’abri de ces tempêtes; la Suisse même eut sa guerre du Sonderbund, mais la Belgique planait comme une île bienheureuse sur les vagues de la révolution. Lorsque les premières nouvelles de la chute de la royauté de juillet arrivèrent à Bruxelles, la jeunesse démocratique eut certains élans, mais le brave roi, sans grand peine, séduisit les braves constitutionnalistes. le vieux et rusé Cobourg convoqua ses ministres, députés et bourgmestres libéraux, et leur déclara solennellement qu’il était prêt à démissionner au cas où le peuple l’exigerait. Les benêts attendris de la bourgeoisie se ruèrent alors sur les éléments effervescents, qui furent désarmés et arrêtes, puis ils expulsèrent du pays les réfugiés dangereux. On sait que notamment Marx et sa femme eurent à subir le traitement le plus brutal” [Franz Mehring, La Belgique (1902)] [in F. Mehring, Rosa Luxembourg, E. Vandervelde, ‘L’expérience belge. Une vieille polémique autour des grèves générales de 1902 et 1913’, 1927]