“Pour Démocrite et Epicure, attraction et répulsion ne sont nullement des forces extérieures; et Marx montre précisement que l’atome épicuriste ne devient vraiment lui-même qu’en relation de réciprocité non seulement avec l’espace vide, mais aussi avec les autres atomes. Nous pensons que, même pour Démocrite, l’atome n’est pas un ‘un’ particulier, mais un ‘un’ solidaire du vide et des autres atomes. La suite de l’analyse de Kant par Hegel insiste sur l’opposition au pseudo-mécanisme qui sépare matière et mouvement; saisissant donc l’unité de la matière et du mouvement, Kant ne peut qu’être d’accord en gros avec le matérialisme, notamment avec le matérialisme antique, bien que, comme nous l’avons dit, il double d’un théisme sa conception matérialiste de la matière. D’autre part, Hegel reproche à Kant de tenir les deux forces fondamentales, attraction et répulsion, comme indépendantes et extérieures l’une par rapport à l’autre, alors que, pour Hegel, elles sont des moments passant sans cesse l’un dans l’autre; à la limite, la conception kantienne considèrerait qu’il s’agit de forces susceptibles de mettre en mouvement une matière déjà faite.” [Jean-Marc Gabaude, Le jeune Marx et le matérialisme antique, 1970]