“L’histoire n’est rien que la succession des générations, qui viennent l’une après l’autre et dont chacune exploite les matériaux, les capitaux, les forces productives légués par toutes les générations précédentes; par conséquent, chacune d’elles continue, d’une part, l’activité traditionnelle dans des circonstances entièrement modifiées et, d’autre part, elle modifie les anciennes conditions par une activité totalement différent. Grâce à des artifices spéculatifs, on peut nous faire croire que l’histoire à venir est le but de l’histoire passée. Ainsi, par example, on attribue à la découverte de l’Amérique un but, celui d’avoir permis le déclenchement de la Révolution française. Grâce à quoi l’histoire se voit assigner des fins particulières et devient une “personne parmi des personnes” (telles que “Conscience de soi, Critique, Unique”, etc.) tandis que ce que l’on désigne par les termes “vocation”, “but”, “germe”, “Idée” de l’histoire antérieure et tout simplement une abstraction de l’histoire ultérieure, une abstraction de l’influence active que l’histoire passée exerce sur l’histoire récente”. [Karl Marx, Feuerbach. Conception matérialiste contre conception idéaliste. Extrait de ‘L’idéologie allemande’, 2009]