“Les hommes, les masses, c’est-à-dire les individus réels, font l’histoire, mais ils ne peuvent la faire n’importe quand ni n’importe comment. Il y a un ‘kaïros’ (un ‘moment opportun’) pour la ‘praxis’ révolutionnaire: c’est celui de la coïncidence des circonstances et de la pratique. Et la théorie de l’idéologie ne change rien à l’affaire. En montrant que ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, ma l’inverse, Marx montre la nécessité de partir des conditions matérielles de possibilité de l’action, et non des représentations de ces conditions et de ces actions. “Pas plus qu’on ne juge un individu sur l’idée qu’il se fait de lui-même, on ne saurait juger une telle époque de bouleversement sur sa conscience de soi; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie matérielle, par le conflit qui existe entre les forces productives sociales et les rapports de production” (Marx, Contribution à la critique de l’économie politique, 1859, p.4). D’où l’importance décisive de la théorie de la conscience de classe et de l’organisation politique qui va la porter: la domination bourgeoise repose sur la confusion de cette conscience qu’elle cherche à maintenir confuse. Mais c’est de cette exploitation du prolétariat que naît la conscience de classe, que “surgit la conscience de la nécessité d’une révolution radicale, conscience qui est la conscience communiste et peut se former aussi, bien entendu, dans les autres classes quand on y voit la situation de cette classe” (L’Idéologie allemande, p. 37)” [Mohamed Fayçal Touati, Jean-Numa Ducange, Marx, l’histoire et les révolutions, 2010]
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- Articolo pubblicato:1 Aprile 2013