“Les chefs du parti en Allemagne ne s’inquiètent pas outre mesure des positions prises par Bernstein. Ils mettent sur le compte de facteurs purement personnels la dérive du disciple d’Engels vers le réformisme et sa critique de l’idéologie du parti (exil, dépression…). En revanche certains marxistes anglais réagissent, notamment Belfort Bax (1854-1926), alors l’un des chefs de la Social Democratic Federation d’inspiration marxiste, qui reproche à Bernstein de ne pas tenir compte du but final du socialisme. Plongé dans la polémique, celui-ci doit préciser son propos”. (…) “Cette information fragmentaire ne permet pas, dans un premier temps, une prise de position nette des socialistes française. Paul Lafargue, par example, est d’abord gêné par le revirement d’un socialiste qu’il respecte: “Il est triste que ce soit un homme, comme Bernstein, que nos aimons et estimons, qui ait effectué cette étrange volte-face.” De la même manière que l’entourage d’Engels explique, au début de la querelle, les prises de positions de Bernstein par des facteurs d’ordre psychologique, Lafargue écrit: “(…) notre ami a trop travaillé et souffre maintenant d’un surmenage intellectuel”. Il ne pense donc pas que la crise aura des conséquences fâcheuses pour le parti: “Malgré le respect et la sympathie qu’on avait pour Bernstein, à cause de son rôle dans le passé, il n’a entraîné personne à sa suite; au contraire, tout le monde, même ses plus chers amis, se sont dressés contre lui”. L’attitude de Lafargue passe progressivement de la gêne à l’hostilité, dans une trajectoire assez proche de celle de Kautsky. Et, comme ce dernier, le gendre de Marx refuse toute condamnation en règle du révisionnisme jusqu’au milieu de l’année 1898″ [Emmanuel Jousse, Réviser le marxisme? D’Edouard Bernstein à Albert Thomas, 1896-1914, 2007]
- Categoria dell'articolo:Nuove Accessioni
- Articolo pubblicato:24 Marzo 2013