“Le trait général caractérisant notre vie actuelle est celui-ci: nous avons détruit l’industrie capitaliste, nous nous sommes appliqués à démolir à fond les institutions moyenâgeuses, la propriété seigneuriale, et sur cette base, nous avons créé la petite et très petite paysannerie, qui suit le prolétariat, confiante dans les résultats de son action révolutionnaire. Cependant, avec cette confiance à elle seule, il ne nous est pas facile de tenir jusqu’à la victoire de la révolution socialiste dans les pays plus avancés; car la petite et la toute petite paysannerie, surtout sous la NEP, reste, par nécessité économique, à un niveau de productivité du travail extrêmement bas. Au demeurant, la situation internationale fait que la Russie est aujourd’hui rejetée en arrière; que dans l’ensemble la productivité du travail national est maintenant sensiblement moins élevée chez nous qu’avant la guerre. Les puissances capitalistes de l’Europe occidentale, partie sciemment, partie spontanément, ont fait tout leur possible pour nous rejeter en arrière, pour profiter de la guerre civile en Russie en vue de ruiner au maximum notre pays. Précisément une telle issue à la guerre impérialiste leur apparaissait, bien entendu, comme offrant les avantages sensibles; si nous ne renversons pas le régime révolutionnaire en Russie, nous entraverons du moins son évolution vers le socialisme, voilà à peu près comment ces puissances raisonnaient, et de leur point de vue, elles ne pouvaient raisonner autrement. En fin de compte elles ont accompli leur tâche à moitié. Elles n’ont pas renversé le nouveau régime instauré par la révolution, mais elles ne lui ont pas permis non plus de faire aussitôt un pas en avant tel qu’il eût justifié les prévisions des socialistes, qui leur eût permis de développer à una cadence extrêmement rapide les forces productives; de développer toutes les possibilités dont l’ensemble eût formé le socialisme: de montrer à tous et à chacun nettement, de toute évidence, que le socialisme implique des forces immenses et que l’humanité est passée maintenant à un stade de développement nouveau, qui comporte des perspectives extraordinairement brillantes. Le système des rapports internationaux est maintenant tel qu’en Europe, un Etat, l’Allemagne, est asservi par les vainqueurs. Ensuite, plusieurs Etats, parmi les plus vieux d’Occident, se trouvent, à la suite de la victoire, dans des conditions qui leur permettent d’en profiter pour faire certaines concessions à leurs classes opprimées, concessions qui, bien que médiocres, retardent le mouvement révolutionnaire dans ces pays et créent un semblant de «paix sociale». Par ailleurs, bon nombre de pays, ceux d’Orient, l’Inde, la Chine, etc, précisément du fait de la dernière guerre impérialiste, se sont trouvés définitivement rejetés hors de l’ornière. Leur évolution s’est orientée définitivement dans la voie générale du capitalisme européen. La fermentation qui travaille toute l’Europe y a commencé. Et il est clair maintenant, pour le monde entier, qu’ils se sont lancés dans une voie qui ne peut manquer d’aboutir à une crise de l’ensemble du capitalisme mondial” [Lénine, ‘Mieux vaut moins mais mieux’, 2 mars 1923, “Pravda”] [(in V.I. Lenin, Leon Trotsky, ‘Lénine contre Staline’, Paris, 1971] [Lenin-Bibliographical-Materials] [LBM*]
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- Articolo pubblicato:3 Dicembre 2016