“On peut schématiquement en partager l’histoire en quatre périodes: a) préparation d’un quart de siècle allant jusqu’à Octobre; b) Octobre; c) période consécutive à Octobre; d) “Cours Nouveau”, c’est-à-dire période dans laquelle nous entrons. Malgré sa richesse, sa complexité et la diversité des étapes franchies, la période antérieure à Octobre, on le constate maintenant, n’était qu’une période préparatoire. Octobre a permis de vérifier l’idéologie et l’organisation du Parti et de son effectif. Par Octobre, nous entendons la période la plus aiguë de la lutte pour le pouvoir, que l’on peut faire commencer approximativement aux «thèses d’avril» de Lénine et qui se termine par la mainmise sur l’appareil étatique (1). Quoique n’ayant duré que quelques mois, elle n’est pas moins importante par son contenu que toute la période de préparation qui se mesure par des années et des dizaines d’années. Octobre, non seulement nous a donné une vérification infaillible, unique dans son genre, du passé du Parti, mais est devenu lui-même une source d’expérience pour l’avenir. C’est par Octobre que le Parti a pu, pour la première fois, s’apprécier à sa juste valeur. La conquête du pouvoir fut suivie d’une croissance rapide, même anomale, du Parti, qui attira à lui non seulement des travailleurs peu conscients, mais encore certains éléments nettement étrangers à son esprit: fonctionnaires, carriéristes et politiciens. Dans cette période chaotique, il ne conserva sa nature bolchévique que grâce à la dictature intérieure de la vieille garde, dont l’éprouve avait été faite en Octobre. Dans les questions plus ou moins importantes, tous les nouveaux membres acceptaient alors presque sans conteste la direction de l’ancienne génération. Les arrivistes considéraient cette docilités comme le meilleur moyen d’asseoir leur situation dans le Parti. Mais leur calculs furent déjoués. Par une épuration rigoureuse de ses propres rangs, le Parti se débarrassa d’eux. Son effectif diminua, mais sa conscience s’éleva. Cette vérification de soi-même, cette épuration, firent que le Parti d’après Octobre se sentit pour la première fois une collectivité dont la tâche n’était pas simplement de se laisser diriger par la vieille garde mais d’examiner et de décider elle-même les questions essentielles de la politique” [Leon Trotsky, ‘La question des générations dans le Parti’ (‘Cours nouveau’)] [(in) Trotsky, Préobrajensky, Rakovsky, ‘De la bureaucratie’, Paris, 1971] [(1) Il s’agit des thèses soumises par Lénine à la Conférence du Parti, en avril 917, et concluant à la nécessité d’engager la lutte pour le pouvoir] [Lenin-Bibliographical-Materials] [LBM*]