“Au vrai, plus encore que de ‘sociétés’ (le mot est malgré tout bien vague), c’est de ‘socio-économies’ qu’il faudrait parle. C’est Marx qui a raison: qui possède les moyens de production, la terre, les bateaux, les métiers, les matières premières, les produits finis et non moins les positions dominantes? Il reste évident cependant que ces deux coordonnées: société et économie, ne suffisent pas à elles seules: l’Etat multiforme, cause et conséquence tout à la fois, impose sa présence, trouble les rapports, les infléchit, le voulant ou non. Il joue son rôle, souvent très lourdement, dans ces architectures qu’on peut regrouper à travers une sorte de typologie des diverses socio-économies du monde, celles-ci à esclaves, celles-là à serfs et à seigneurs, celles-là à hommes d’affaires et précapitalistes. C’est revenir au langage de Marx, demeurer à ses côtes, même si l’on rejette aussitôt ses termes exacts ou l’ordre rigoureux qui lui paraît faire glisser toute société de l’une à l’autre de ces structures” [Fernand Braudel, Civilisation materielle et capitalisme (XV-XVIII siecle). Tome I., Paris, 1967]