“Staline, qui ignore complètement la psychologie de l’ouvrier occidental, possède un courage physique qui faisait dire à Lénine: “Trotski et Staline sont nos deux révolutionnaires les plus courageux. Chaque fois qu’il y a un grave danger, nous envoyons l’un ou l’autre, mais jamais les deux à la fois, car ils ne s’aiment pas” (1). (…) Tout en reconnaissant “les capacités les plus éminentes” de Trotski, “l’homme le plus capable du Comité central”, Lénine ajoute qu'”il est excessivement porté à l’assurance et entraîne outre mesure par le côté purement administratif des choses”. Mais Lénine jugeait ainsi Staline: “Staline est trop brutal et ce défaut, pleinement supportable dans les relations entre nous, communistes, devient intolérable dans la fonction de secrétaire général. C’est pourquoi je propose aux camarades de réfléchir au moyen de déplacer Staline de ce poste et de nommer à sa place un homme qui, sous tous les rapports; se distingue du camarade Staline par une supériorité, c’est-à-dire qui soit plus patient, plus loyal, plus poli et plus attentionné envers les camarades, moins capricieux, etc… Cette circonstance peut paraître une bagatelle insignifiante, mais je pense que pour se préserver de la scission et du point de vue de ce que j’ai écrit plus haut des rapports mutuels entre Staline et Trotski, ce n’est pas une bagatelle, à moins que ce soit une bagatelle pouvant acquérir une importance capitale. Trotski, qui possède maintes qualités, était trop sûr de lui; croyant qu’en politique l’intelligence l’emporte sur la ruse, il ne se méfiait pas de Staline, qui abolit rapidement le peu de démocratie qui existait dans le Parti et réussit à tourner contre Trotski toute la “vieille garde”, les compagnons de Lénine: Kamenev, Zinoviev, Rykov, Boukharine, etc. Staline est maintenu secrétaire général du Parti. (…) Staline prit, en outre, une série de mesures significatives. Après avoir retiré des bibliothèques et des écoles l”Histoire de la Russie’ du professeur Pokrovsky, lequel avait été jusqu’à sa mort commissaire adjoint à l’Education nationale, Staline élimina Enoukidze. Celui-ci, depuis 1918, était secrétaire du Comité central exécutif des Soviets et avait fait gracier un très grand nombre de condamnés à mort. Enfin, Staline prononça la dissolution de l'”Association des vieux bolchéviks”” [Henri Guilbeaux, La fin des soviets, Paris, 1937] [(1) Ceci mìa été dit par Lénine, sous des formes différentes, plus de dix fois] [Lenin-Bibliographical-Materials]  [LBM*]