“Un quart de siècle se sera bientôt écoulé depuis la mort de Karl Marx, et nous n’avons toujours pas épuisé la mine de son formidable travail intellectuel (1). L’oeuvre scientifique que Marx a entreprise dans la première moitié du XIXe siècle nourrit encore le XXe, et – il faut l’avouer depuis les premières productions intellectuelles du jeune génie, que Mehring nous a récemment rapportés dans son “Héritage” (2), jusqu’à la publication par Kautsky des dernières oeuvres encore inédites, rien dans le domaine de l’économie politique, voire des sciences sociales, n’a encore paru qui puisse rivaliser de profondeur et d’universalité de la pensée avec ces travaux. C’est encore une fois le défunt Marx qui apporte au prolétariat mondial en lutte des impulsions nouvelles et des idées directrices fécondes, et c’est encore le défunt Marx qui, comme s’il était bien vivant, se promène avec un sourire victorieux entre les larves des sciences sociales bourgeoises. Comme nous le confie Kautsky dans son avant-propos, ce sont assurément des circonstances purement extérieures et hasardeuses qui ont empêché d’abord Engels puis Kautksy lui-même d’éditer cette oeuvre de Marx, pourtant écrite au début des années 1860 et dont Engels avait déjà donné un aperçu en 1885 (3).” [Rosa Luxemburg, À l’école du socialisme. Oeuvres complètes – Tome II, 2012] [(1) Reprise d’une idée que Rosa Luxemburg a exposée plus longuement dans son article du 14 mars 1903, également paru dans le ‘Vorwärts!” (…); (2) Il s’agit bien entendu des trois premiers volumes de l’édition des ‘Oeuvres complètes’ de Karl Marx et Friedrich Engels dont rendent compte les articles précédents’; (3) Dans sa préface au livre II du ‘Capital’ qu’il fait paraître en 1885, Friedrich Engels décrit les manuscrits sur lesquels il a travaillé et ceux restant à publier (…)]